Né sous le glacier, CHASTELENBACH
Publié : ven. 20 nov. 2015 10:05
Comment commencer autrement que par un bref historique de cette exploration... et tant pis si certains la trouve inutile
C'est en 2006 que je découvre cette magnifique vallée, porté par la soif de découvertes spéléo, perché sur un petit karst au-dessus de 2000 mètres d'altitude et près de la Windgallenhütte.
Mais je ne connais pas le secteur et les caprices de la météo locale... et les premiers coups sont des coups "dans l'eau"!
En 2009 et en compagnie de ma femme, nous essayons de "repérer" les résurgences côté Nord de la vallée... échec, c'est loin, loin
En 2010, nous tentons l'aventure en VTT, mais outre une belle rando et un retour à la voiture assez génial (ça descend tout le long), c'est pour moi une réelle bavante... en plus il pleut (Nous avons garé nos montures devant Brunibach, puis poursuivi à pied...
En 2010, nous tentons aussi une approche par le haut, rive droite, en passant par Golzernsee, Windgallenhütte, où nous savons qu'autrefois, bergers et montagnards, à flanc de colline, rejoignaient la langue du glacier... Nous n'avons pas réussi à franchir les barres rocheuses... Mais apercevons enfin le fond du canyon... Le débit est effrayant...
Janvier 2011, nous la tentons à ski de rando. La balade est magnifique, les photos extra, le canyon... toujours trop loin...
Autre approche, nous remontons jusqu'au fond de la vallée, pour y bivouaquer. C'était donc ça la solution... Le lendemain, légers, frais, nous trouvons une sente franchissant la barre rocheuse, et découvrons avec stupeur l'ampleur du canyon! Le ruisseau sort d'un étroite faille sous une énorme langue de glace, tandis qu'en contrebas d'un magnifique lac se sont des trombes d'eau qui embrument totalement le paysage! Impossible, cette descente sera impossible à réaliser... dommage...
Mais depuis ce temps là, de l'eau a coulé sous les ponts, les hivernales se sont multipliées, l'expérience s'est enrichie... entre autre d'une combinaison sèche!!! mais aussi un tissu local de connaissances...
Depuis ce temps là, je guette à ma fenêtre, cherchant une ouverture météo idéale..., la première étape indispensable... Du froid, pas de pluie, et surtout pas de neige!!!
Et 2015 arrive, avec sa sècheresse exceptionnelle, son hiver tardif...
Le 5 novembre, à 3, Gérald, Timo et moi, lourdement chargés, nous grimpons vers Hüfihütte, avec un passeport dans la poche pour emprunter la route interdite de la Maderanertal.
En haut, c'est beau... Mais nos épaules, et l'heure déjà avancée nous fait renoncer... non sans imaginer enfin l'accès au cours d'eau... Un peu à regrets, nous nous demandons toujours si l'entreprise est viable...
Le 14 novembre, on met les gros moyens! Rendez-vous avec l'hélico (qui malheureusement n'a pas le droit de faire de dépose de gens dans le secteur), qui transportera tout notre matos (25 kilo chacun), le déposant devant Hüffihütte, à 2300m d'altitude. De notre côté, nous montons les mains dans les poches (Nous sommes 4, Patrick, Timo, Jean-Mi and me).
Nous récupérons notre croix et descendons jusqu'au glacier, le brouillard nous poursuit et nous inquiète un peu...
Nous sommes pantois devant le glacier! Le canyon ne cesse d'ériger des barrières entre lui et nous. Le doute s'installe... Certains souhaitent faire demi-tour...
Quelle belle idée que celle d'avoir pris un piolet de traction... Mais pourquoi en ai-je pris qu'un???
Quelques escalades plus loin, parfois le long de superbes moulins, ponctuées de descente en rappel sur lunules, nous voici enfin de l'autre côté de la vallée.
Nous y sommes enfin, enfin presque! On découvre l'ampleur du chantier.
Une série de rappels nous emmènent au fond de faille...
Un calcaire extraordinaire, gris veiné de blanc, entièrement refermé au-dessus de nos têtes... Nous sommes réellement sous terre. Les formes d'érosion sont magiques. Nous remontons le cours d'eau sur environ 150 mètres, plongeant sous le glacier et je stoppe sur une énième cascade à remonter...
Poursuivant notre descente, émerveillés par ce paysage incroyable, nous débouchons à la tombée de la nuit et par une magnifique cascade au-dessus du lac... et fêtons notre aventure dignement, avec une petite rinçade alcoolisée...
Mercredi 18 novembre verra enfin la fin d'un rêve...
Nous remettons notre fardeau sur les épaules, et remontons vers le lac... Nous ne sommes que 2 (Timo et moi), mais il s'agit là de la dernière possibilité offerte par dame météo, la neige est annoncée pour cette fin de semaine...
L'encaissement est une fois encore incroyable, bien que plus large, mais le débit est tel, qu'il n'en faudrait pas plus pour en interdire le passage! Nous descendons, les parois se resserrent...
Toujours un peu effrayés par ce qui nous attend. C'est incroyable, indescriptible... La lumière du soleil pénétrant dans cette profonde gorge dont les parois s'élèvent à plus de 100 mètres de haut... C'est tout simplement hallucinant. Les affluents dispersent parfois leurs embruns sur toute la largeur de la gorges, les descentes se font parfois à l'aveugle, sous un rideau d'eau masquant toute visibilité
ça y est, le ruisseau, plutôt la rivière de Chastelenbach nous livre tous ses secrets et nous délivre de toute inquiétude... Nous sommes dehors
Je laisse le soin à Timo d'agrémenter de photos toute cette épopée, je l'aurais bien fait, mais je n'ai pas Picassa et j'ai toujours eu du mal à comprendre comment je pouvais le faire autrement, mais voici un petit montage retraçant l'aventure de Charstelenbach amont:
https://www.youtube.com/watch?v=1IW8isX ... e=youtu.be
J'ai fait une erreur sur le générique, ce n'est pas Pascal, mais bien Patrick... ce sera corrigé.
Olivier
C'est en 2006 que je découvre cette magnifique vallée, porté par la soif de découvertes spéléo, perché sur un petit karst au-dessus de 2000 mètres d'altitude et près de la Windgallenhütte.
Mais je ne connais pas le secteur et les caprices de la météo locale... et les premiers coups sont des coups "dans l'eau"!
En 2009 et en compagnie de ma femme, nous essayons de "repérer" les résurgences côté Nord de la vallée... échec, c'est loin, loin
En 2010, nous tentons l'aventure en VTT, mais outre une belle rando et un retour à la voiture assez génial (ça descend tout le long), c'est pour moi une réelle bavante... en plus il pleut (Nous avons garé nos montures devant Brunibach, puis poursuivi à pied...
En 2010, nous tentons aussi une approche par le haut, rive droite, en passant par Golzernsee, Windgallenhütte, où nous savons qu'autrefois, bergers et montagnards, à flanc de colline, rejoignaient la langue du glacier... Nous n'avons pas réussi à franchir les barres rocheuses... Mais apercevons enfin le fond du canyon... Le débit est effrayant...
Janvier 2011, nous la tentons à ski de rando. La balade est magnifique, les photos extra, le canyon... toujours trop loin...
Autre approche, nous remontons jusqu'au fond de la vallée, pour y bivouaquer. C'était donc ça la solution... Le lendemain, légers, frais, nous trouvons une sente franchissant la barre rocheuse, et découvrons avec stupeur l'ampleur du canyon! Le ruisseau sort d'un étroite faille sous une énorme langue de glace, tandis qu'en contrebas d'un magnifique lac se sont des trombes d'eau qui embrument totalement le paysage! Impossible, cette descente sera impossible à réaliser... dommage...
Mais depuis ce temps là, de l'eau a coulé sous les ponts, les hivernales se sont multipliées, l'expérience s'est enrichie... entre autre d'une combinaison sèche!!! mais aussi un tissu local de connaissances...
Depuis ce temps là, je guette à ma fenêtre, cherchant une ouverture météo idéale..., la première étape indispensable... Du froid, pas de pluie, et surtout pas de neige!!!
Et 2015 arrive, avec sa sècheresse exceptionnelle, son hiver tardif...
Le 5 novembre, à 3, Gérald, Timo et moi, lourdement chargés, nous grimpons vers Hüfihütte, avec un passeport dans la poche pour emprunter la route interdite de la Maderanertal.
En haut, c'est beau... Mais nos épaules, et l'heure déjà avancée nous fait renoncer... non sans imaginer enfin l'accès au cours d'eau... Un peu à regrets, nous nous demandons toujours si l'entreprise est viable...
Le 14 novembre, on met les gros moyens! Rendez-vous avec l'hélico (qui malheureusement n'a pas le droit de faire de dépose de gens dans le secteur), qui transportera tout notre matos (25 kilo chacun), le déposant devant Hüffihütte, à 2300m d'altitude. De notre côté, nous montons les mains dans les poches (Nous sommes 4, Patrick, Timo, Jean-Mi and me).
Nous récupérons notre croix et descendons jusqu'au glacier, le brouillard nous poursuit et nous inquiète un peu...
Nous sommes pantois devant le glacier! Le canyon ne cesse d'ériger des barrières entre lui et nous. Le doute s'installe... Certains souhaitent faire demi-tour...
Quelle belle idée que celle d'avoir pris un piolet de traction... Mais pourquoi en ai-je pris qu'un???
Quelques escalades plus loin, parfois le long de superbes moulins, ponctuées de descente en rappel sur lunules, nous voici enfin de l'autre côté de la vallée.
Nous y sommes enfin, enfin presque! On découvre l'ampleur du chantier.
Une série de rappels nous emmènent au fond de faille...
Un calcaire extraordinaire, gris veiné de blanc, entièrement refermé au-dessus de nos têtes... Nous sommes réellement sous terre. Les formes d'érosion sont magiques. Nous remontons le cours d'eau sur environ 150 mètres, plongeant sous le glacier et je stoppe sur une énième cascade à remonter...
Poursuivant notre descente, émerveillés par ce paysage incroyable, nous débouchons à la tombée de la nuit et par une magnifique cascade au-dessus du lac... et fêtons notre aventure dignement, avec une petite rinçade alcoolisée...
Mercredi 18 novembre verra enfin la fin d'un rêve...
Nous remettons notre fardeau sur les épaules, et remontons vers le lac... Nous ne sommes que 2 (Timo et moi), mais il s'agit là de la dernière possibilité offerte par dame météo, la neige est annoncée pour cette fin de semaine...
L'encaissement est une fois encore incroyable, bien que plus large, mais le débit est tel, qu'il n'en faudrait pas plus pour en interdire le passage! Nous descendons, les parois se resserrent...
Toujours un peu effrayés par ce qui nous attend. C'est incroyable, indescriptible... La lumière du soleil pénétrant dans cette profonde gorge dont les parois s'élèvent à plus de 100 mètres de haut... C'est tout simplement hallucinant. Les affluents dispersent parfois leurs embruns sur toute la largeur de la gorges, les descentes se font parfois à l'aveugle, sous un rideau d'eau masquant toute visibilité
ça y est, le ruisseau, plutôt la rivière de Chastelenbach nous livre tous ses secrets et nous délivre de toute inquiétude... Nous sommes dehors
Je laisse le soin à Timo d'agrémenter de photos toute cette épopée, je l'aurais bien fait, mais je n'ai pas Picassa et j'ai toujours eu du mal à comprendre comment je pouvais le faire autrement, mais voici un petit montage retraçant l'aventure de Charstelenbach amont:
https://www.youtube.com/watch?v=1IW8isX ... e=youtu.be
J'ai fait une erreur sur le générique, ce n'est pas Pascal, mais bien Patrick... ce sera corrigé.
Olivier