Voici une petite mésaventure qui est arrivée à notre ancien président de
fédé (FSS), tirées d'une mailing liste Spéléo. C'est extrêmement instructif !

Jeudi 9 avril, participant au RIC au Cap Vert (comme quoi, il m’arrive
de faire du canyon), je descendais la grande cascade terminale du canyon
de Névé (220 m de haut).
Je passe un relais suspendu à 120 m du sol. Je me longe (deux fois
d’autant plus que c’est haut…), enlève mon descendeur en huit puis remet
mon descendeur sur la corde qui descend ainsi que mon mousqueton de frein.
Puis je me tracte sur l’amarrage pour enlever les deux longes
(je sais : il faut garder une longe tant qu’on n’est pas pendu sur son
descendeur pour vérifier que tout est OK… mais l’emplacement et
l’absence de boucle ne le permettait guère).
Enfin, je m’accroupis doucement pour me mettre en tension sur le
descendeur.
Et là, je constate avec horreur (d’ailleurs en même temps qu’Yvan, un
canyonneur anglais qui était au relais avec moi) que mon descendeur
n’est plus accroché à moi.

Il ne restait que deux solutions :
* apprendre à voler mais c’est finalement très court sur 120 m,

* me hisser précautionneusement en espérant que mon pied ne glisse pas,
reprendre ma longe et la raccrocher.
Après quelques très longues secondes riches en adrénaline, j’ai réussi à
imposer la deuxième solution.
A remarquer qu'Yvan a eu le bon réflexe de me tenir à la ceinture mais
il ne m’aurait certainement pas tenu longtemps si mon pied avait glissé
de la minuscule prise mouillée et glissante (il a bien entendu mérité
une bonne bière…).
A remarquer également que mon mousqueton de frein (qui était resté sur
la corde) n’aurait pas servi à grand chose car la corde n’était pas
attaché au relais suivant 60 m plus bas.
Que s’est-il passé ?
Faisant d’avantage de spéléo que de canyon, j’ai pris un matériel dont
j’avais moins l’habitude pour partir au Cap Vert : un descendeur en huit
et un mousqueton à la forme adapté mais muni d’une virole qui était en
fait une simple bague coulissante avec un ressort.
Au moment de me soulever de vingt à trente centimètres pour enlever mes
longes, mon descendeurs, alourdi par le poids de la corde (60 m en
double), s’est calé sur la virole, a poussé la virole puis par un très
léger mouvement de torsion a ouvert le mousqueton et en est sorti.
J’ai vérifié après coup que l’ensemble de ces trois actions :
* glissement de la virole
* ouverture du mousqueton
* sorti du descendeur
peut parfaitement se faire en un seul mouvement.
*Remarque :* il est remarquable de noter que non seulement la virole ne
joue pas son rôle de sécurité mais qu’en plus elle permet au Descendeur
de se positionner parfaitement pour ouvrir le doigt de la gâchette et
sortir du mousqueton. Le mouvement serait beaucoup plus improbable sans
la virole.
*Moralité :*
Il faut bannir les mousquetons avec de simples viroles coulissantes pour
ne garder que ceux qui ont des viroles à visser ou les autobloquants
nécessitant un double mouvement (rotation et coulissement).
Qu’on se le dise !
*Pour la petite histoire :*
Trois jours auparavant, dans un petit toboggan, au moment d’amortir à la
réception, mon descendeur spéléo que j'avais accroché sur le coté de mon
baudrier s’est « planté » dans ma cuisse. Conséquence : une bonne
déchirure musculaire qui m’a bien ennuyé (euphémisme) durant tout le
séjour.
C’est peut-être par jalousie que les deux descendeurs (canyon et spéléo)
m’ont « agressé lâchement » à trois jours d’intervalle)

Bernard Lips