Bonjour à toutes et à tous.
Il semble que certaines pratiques de descentes de canyons divisent les uns et unissent les autres, par leurs côtés « encore plus dangereux », différents, ou plus « engagés ».

Ces pratiques, c’est la descente de nuit, le canyon en glace, les ouvertures, le « gros bouillon » ou encore le Solo (descente en solitaire). C’est cette dernière activité qui va nous préoccuper pour l’instant. Nous allons essayer d’en faire le tour, en essayant de ne pas juger ces adeptes « d’autres choses », mais essayer simplement de les comprendre, d'accepter que l'activité évolue et qu'il faut faire avec, sans les margninaliser.
Il y a toujours des précurseurs, des personnes qui "osent" avant les autres, qui entrebaillent des portes... Dans lesquelles s'avance qui veut
Quatre chapitres vont êtres abordés.
1° 
Pourquoi certains en viennent au Solo.
2° 
Comment on pratique le solo.
3° 
Les dangers accrus du solo.
4° 
Le solo se pratique dans d’autres disciplines tout aussi dangereuses.
Pourquoi en venir au Solo ?
Plusieurs cas de figures se produisent :
Les excuses ne manquent pas, on peut s'inventer des prétextes: « J’ai prévu de faire ce canyon avec Marc, mais ce dernier a eu un empêchement de dernier moment. Plus personne n’est dispo et l’hiver ne va pas tarder à venir… C’est probablement la dernière occasion de l’année, or je n’ai fait qu’une trentaine de descente cette saison… Allez, j’y vais… »

C'est là un des critères personnels posés par le seul désir de partir à tout prix... Avec ou sans camarade de jeux.

Pas vraiment motivé pour partir seul, mais prêt à prendre l'engagement nécessaire (pour une fois)
La necéssité : « Nous sommes partis tous les trois, Olivier c’est cassé la jambe

et il faut aller prévenir les secours… Bertrand reste avec le blessé et je dois aller chercher les spécialistes tout seul

».
Le besoin d’engagement :

C’est le point le plus sensible au niveau psychologique, lorsqu’on dépasse un seuil de pratique (
pas forcément seuil de compétence…) et qu’on a besoin de sortir tout seul, ou l’on a besoin de se sentir seul avec les éléments, savoir que l’on ne peut compter qu’avec nous, nos connaissances, notre sang froid, aller puiser un peu plus au fond de soi.

Quand le fait de se sentir seul à "travailler" avec la nature (pas contre elle) apporte un apaisement intérieur, une sérénité profonde, un bien être apaisant. C'est qu'on a passé le cap des "excuses" du premier chapitre. On prend délibérément et volontairement la décision de partir seul, c'est prémédité et, théoriquement mûrement réfléchi depuis longtemps.
C'est à mon sens le "vrai" solo (sans qu'il n'y ai de notion de compétition, de recherche de l'absolu, de vrai ou de faux) Une démarche personelle de personnes qui veulent plus d'engagement; ce qui ne les empèche pas de continuer à pratiquer le canyonisme "traditionnel", avec famille , amis et sorties club... simplement ils ont parfois besoin d'engagement supérieur avec la Nature et leur passion.

Ces personnes calculent au plus juste leur "engagement" car elles savent qu'elles n'ont plus le droit à l'erreur.

Dans certains cas, d’autres sensations peuvent apparaître, plus égocentriques… la sensation d’être meilleur, d’avoir gagné ce combat (contre la nature), de maîtriser les éléments. Ce n’est dans ce cas là qu’une recherche sur sa propre personne que des psychiatres pourraient peut être analyser

.
Quelle que soit sa motivation, ce canyoneur décide de partir seul dans un milieu parfois hostile et dangereux.
Comment on pratique le solo (contraintes logistiques et de sécurités).
En plus des recommandations spécifiques à l’activité, on notera :

Tout d’abord, il faut anticiper le
côté matériel… Serais-je capable de porter les 2 X 70 m. de « Béal pro » mouillée (au retour), le matos de secours ainsi que ma combinaison mouillée (soit environ 35 Kg) pour ces 550m de dénivelé de la marche de retour ?
Car en temps normal, le poids est réparti par autant d’équipiers… Là, point de salut que ses propres épaules (à moins d’être très riche et de polluer les sites de canyon, mais faites moi signe, je passe après vous…)
Il faut donc porter tout son matériel.

Ensuite, c'est le choix de la course qui va déterminer sa faisabilité, tant au niveau technique que matériel que de temps ou encore de météorologie.
En effet, tout le monde aura compris que certains canyons ne sont pas (encore) possible aux Solos. Un canyon avec de grandes verticales (2 X 100 de cordes mouillées à porter

), avec des rappels guidés, des mouvements d'eau à gérer...des ancres flotantes, des canyons avec bivouacs...

, des canyons à la météo incertaine...
On s'orientera plus, (surtout au début) par des canyons que l'on connait, puis par des "petits faciles".
Une fois que le descendeur aura intégré toutes les facettes de cet esprit du Solo, il sera à même de choisir d'autres courses...

La gestion des frottements sera primordiale et différente d'à l'accoutumée. Lors de gros frottements, il faut par exemple installer un rappel en "automoulinette", ce qui sous-entend d'avoir une corde qui fasse au moins deux fois la hauteur de la plus grande cascade.
Il existe d'autres techniques de descente avec différentes longeurs de cordes, mais cet article n'a pas la prétention d'apprendre ces dernières en quelques phrases qui pourraient être mal interprétées.

Les gros sauts sont bien entendu "interdits" et seul les touts petits toboggans ne laissant apparaitre aucun doute peuvent être envisagés.
Il faut également
prévenir (ce qui doit être fait systématiquement…) deux tierces personne de sa course, leurs désigner avec la plus grande précision son parcours et se tenir absolument à ce dernier. Ces personnes seront à l’écoute de vos coups de téléphone et vous les appellerez à chaque fois que possible (au départ de la marche d’approche, à l’entrée du canyon, à chaque obstacle particulier et à la sortie, bien entendu)
Ces personne seront bien entendu au courrant des n° de téléphone des secours compétents (P.G.H.M., C.R.S., G.R.I.M.P….)

La descente en elle-même se fera beaucoup plus concentré qu’a l’accoutumée, avec une attention de chaque instant, chaque pas posé doit être sûr pour éviter l’entorse. A chaque amarrage, la manipulation de corde se fera avec une attention encore plus poussée.
Car la descente en Solo présente les mêmes dangers que d’habitude, mais avec des conséquences bien différentes.
Les dangers accrus du Solo :

Objectivement, les dangers sont les mêmes qu’avec des potes (chutes, perte de corde, immobilisation…) ; mais les conséquences sont tout autres, car personne ne saura immédiatement ce qui se passe (et donc pas de déclenchement rapide des secours).

On peut également avoir besoin d'une tierce personne dans le canyon pour nous sortir d'un mauvais pas... Sortir d'une vasque, nous aider à récuperer la corde...

Une entorse d’un membre et on est vite immobilisé. Là, ce n’est pas encore trop grave… Il suffit de sortir la couverture se survie et d’attendre… (Voir, tenter l’appel téléphonique). Mais lors d’un choc à la tête avec perte de connaissance, tout devient bien différent…Et dans ce cas, la perte de temps sera l’ennemi le plus important pour la simple survie.
Bien entendu, ce petit exposé n’a pas pour but d’inciter au Solo (bien au contraire) , mais force est de constater que dans d'autres sports engagés, la pratique du solo existe, et il est normal de voir notre activité évoluer aussi dans cette direction.
Le solo se pratique dans d’autres disciplines tout aussi dangereuses.

En alpinisme, on a tous vu de grands noms s’engager dans de grandes voies, multipliant les engagements et les variantes, les Solitaires en hivernales, puis en Himalaya… Souvenons nous de Marco Siffrédi disparu lors de sa seconde tentative de descente de l’Everest en surf.
D’autres noms viennent bien entendu à l’esprit… Tous se sont mis au Solo dans des engagements de plus en plus difficiles… Certains ne sont pas revenus… Certains continuent…

En escalade, souvenons nous des Solo de Patrick Edlinger dans le Verdon… Il n’y a pas de l’engagement, là ?

En voile, également… des compétitions sont même organisées. Pourtant, aucun marin, si fort et réputé soit il n’est à l’abri d’une chute (avec perte de connaissance) sur un bateau…
Bref, le Solo existe, dans de multiples « activités à risque »…
Alors, que faut il faire ? Quelle doit être notre (votre) position face à de telles pratiques ?: fustiger ? Juger ? Interdire ? Légiférer ces pratiques ? Ou au contraire les encourager, les réglementer ou encore tout simplement laisser la liberté à chacun….
Quoi qu’on fasse, on ne pourra jamais les « encadrer »…

Cet article, nous le rappelons
n'a pas pour but d'encourager ou de faire pratiquer une forme particulière de notre sport. Mais, ces "variantes" existent. Et il faut en parler avant de les marginaliser, de les stigmatiser.