L'histoire commence à l'hiver 2008 par une rando de repérage hivernale sur les crêtes de la Sierra de Sivil qui dominent les gorges du Balcès par sa rive gauche. Le versant opposé, celui bien connu par lequel on descend pour atteindre le départ des "oscuros", fait apparaître une énorme échancrure qui entaille la paroi à l'aplomb de la Pena Calma. Je suis convaincu de tenir une "première"

dans ce secteur car rien n'indique sa présence : inconnu dans les topoguides, rien dans la base de DC, ni dans celle de Barranquismo, aucuns "bruits de couloirs" à son sujet. Cela augure une descente à caractère très vertical et un dénivelé d'au moins 300 m, rare dans la sierra. J'effectue dans la foulée un repérage de l'approche, sur le bon versant, et trouve ce qui me semble être le départ. Mais je suis seul et pas équipé pour m'engager.
Dimanche 14 février 2010, 11h00 : on s'engage avec PMO, chargés de 2 cordes de 60 m + un rataillon de 30m, d'un petit perfo et de l'indispensable trousse à spits. Il fait beau mais assez froid (-6°). On descend le ravin embroussaillé qui donne accès à la lèvre de la première verticale, un "trou" de plus moins 150 m nous invite. On est "surchauffés"
Tout espoir de "première" s'efface avec la découverte de deux spits en RG. Merde...

Nous équipons et je descend avec la 60 m dans le sac. La paroi est pourrie et ça parpine... je purge autant que raisonnable. En bout de corde, j'atteins une vire exiguë, seul refuge d'un arbrisseau. Je perfore et pose 2 goujons. PMO me rejoint et se fait surprendre par un vol de pavasses. Sa cuisse et son genou en font les frais, heureusement sans gravité. On poursuit 30 m plus bas vers une bonne terrasse. On découvre encore 2 spits reliés par une corde mais désormais on ne trouvera plus aucun amarrage. On estime la verticale suivante à 70-80 m. Je descend quelques mètres et, bien en vue, je balance le kit-boule qui se vide et reste finalement pendu en bout de corde 15-20 m au dessus du sol. Une dizaine de mètres plus bas, une vire minable servira de relais car en-dessous c'est surplombant. Le rocher est pourri, sonne creux, je pose un goujon et cale un piton. On décide de solidariser "façon spéléo" avec l'amarrage supérieur et on laisse 15 m de corde fixe. Le rappel de 55 m est magnifique : plein pot, plein gaz

. Nous sommes à l'entrée de l'étroiture repérée depuis le versant opposé. On estime l'encaissement à plus de 100 m de profondeur et 150 m de longueur. Un arbre, solide et bien placé, permet de descendre 40m plus bas où PMO pose un spit et un piton sur le flanc du resserrement, sorte de gouttière en V qui fait moins d'un mètre à la base. Deux gros rochers sont suspendus au dessus de nos têtes, coincés entre les parois. Un dernier rappel nous dépose, en bout de corde, au fond de l'encaissement : un couloir rectiligne et incliné qu'on finit de descendre prudemment sur les fesses. On sort subitement au pied de la falaise par une porte monumentale, avec une vue imprenable sur l'Isuala qui coule bien plus bas. Il est 15h00 lorsque nous dévalons le pierrier vers la
Pardina de los Carboneros.
On baptise notre barranco :
Pena Calma (ou la Raya) en cassant la croute au bord du rio.
Déniv. 330m
Qui a fait la première

Mystère...
J'ai rédigé aujourd'hui une fiche pour la base de DC.