Dans cette région se situe probablement les plus beaux canyons d’Italie. Pourtant, elle est méconnue de France, nos concitoyens préférant continuer leur route plus loin. Certes, les canyons ne sont pas offerts aux premiers venus. Les marches sont longues et les descentes techniques. Toutefois, c’est un secteur unique qu’il vaut mieux parcourir rapidement, des menaces d’interdictions planant sur ces belles montagnes.
Encore une fois, vous êtes dans le royaume du calcaire. Cette roche blanche est un calcaire spécial, très récent à l’échelle géologique. En fait c’est du double carbonate de calcium et de magnésium. La blancheur provient du corail sédimenté reflétant avec magie les rayons du soleil. D’ailleurs, le nom dolomites provient du Français, Déodat de Dolomieu qui a étudié la composition chimique de cette roche.
Les encaissements et les cascades sont nombreux. Mais cette roche ne forme pas de calcite pouvant lisser les cascades et elle se fragmente en blocs pouvant rendre fastidieux les descentes. Cela n’empêche pas les descentes magnifiques.
La Chaîne des Dolomites ne s’arrêtent pas aux environs de Belluno. Elle s’étend du haut Adige au Frioul. Toutefois, c’est autour de Belluno que se concentre les plus belles descentes. Vous trouverez des campings autour du lac Santa Croce (En particulier la camping Sarathei a Farra d’Alpago, comptez 0H30 à 1H pour accéder à tous les canyons) ou au bas du lac de Mis à proximité de la Gole del Soffia sur la route de Belluno-Sospirolo-Agordo.
Commençons à parler de la descente la plus esthétique : La Gole del Soffia (4/4). Ce canyon est une magnifique descente et a été ma plus belle descente calcaire de cet été (Plus de 70 descentes). La 1ère partie est exceptionnelle avec des toboggans et des sauts. L’encaissement se referme créant une ambiance puissante. La roche part en sculptures multiformes. La 2ème partie est formée de grandes cascades avec de beaux amphithéâtres.
Le problème de ce canyon est l’accès. La route menant à Gena Alta est interdite à la circulation. Interdit d’autant plus justifié que la zone est très touristique. Vous sortirez de la gole au milieu de la foule. De plus la police, la journée, veille au respect de l’interdit. Bien entendu, rien empêche tôt le matin de monter en voiture le matériel pour redescendre aussi vite (A vos risques et péril bien sur

A côté, avec un petit peu plus de marche se trouve le Val Pisson. Ce canyon qui est l’affluent du Val Soffia a les mêmes qualités avec en plus de grandes verticales.
L’autre descente mythique est le Val Clusa (4/4). Il est une des descentes les plus longues et techniques d’Italie. Tout est imposant avec ses 1H30-1H45 de marche d’approche, ses 6 à 9H de descentes et ses 40 cascades. Avec les descriptions du T2 de la série des goles et canyons l’accès est assez facile. Il y a quelques mains courantes.
La descente est plus sauvage que la gole del Soffia, avec un très grand nombre de cascades qui s’enchaînent sans discontinuer. Le canyon se divise en quatre partie : La 1ère partie est constituée de cascades sympathiques dans un encaissements plus ou moins marqué mais pouvant avoir plus de caractère. Ensuite avant l’affluent du Val del Pezz, se trouve la partie la plus esthétique. L’encaissement se referme en des lignes très pures aux belles couleurs. La plus belle Cascade est de 35 mètre formant un beau toboggan se terminant en fil d’araignée. L’ensemble se termine par une grande cascade de 36 m au dessus de l’affluent. La partie entre cette cascade et le barrage a aussi une étrange ambiance radicalement différente. Le niveau d’eau a triplé. Le cours d’eau forme un long couloir d’une couleur originale. La dernière partie débute sous le barrage. Attention, lorsque vous commencez à voire des panneaux RG voire RD vous êtes à proximité du barrage. Ne sautez pas dans toutes les vasques parce que vous risquez de vous retrouver coincé soit au fond du barrage s’il a été vidé soit dans son réservoir. Il vous faudra alors escalader au mieux les parois. Il est déconseillé de descendre la suite si la prise d’eau ne fonctionne pas. Il y a un chemin de retour. L’équipement a été refait mais il n’est pas toujours très judicieux voire parfois déroutant.
Dans le secteur, il y a pleins d’autres canyons que nous n’avons pas eu le plaisir de descendre. Certains sont assez courts dont le val Ru da Molin (2/4). C’est une sympathique descente qui peut-être faite après une course d’une plus grande ampleur. Le chemin est aérien, mais de toute beauté. Le haut est constitué d’une jolie série de cascades avec des sauts possibles. La fin se termine par un rappel de 20 m en fil d’araignée.
L’autre grand canyon est du côté de Longarone. Il s’agit du Val Zemola (4/4). Lors de l’accès au canyon vous allez passer à côté d’un étrange barrage. Ce dernier est en très bon état, mais il n’a jamais été rempli. En effet, en 1959 a été construit à cet endroit la retenue d’eau qui devait être la plus haute d’Europe. Malheureusement, lors de sa mise en service en 1963, le mont Toc s’effondra dans un titanesque éboulement de 260 millions de m3. L’ensemble créa une gigantesque vague de 25 millions de m3, de 200m de haut déferlant à prés de 80 km/h sur les villes environnantes. Longarone fut détruite et on décompta prés de 2000 victimes. Le barrage ne fut pas endommagé !
Le Val Zémola a de superbes encaissements. Après Erto vous tenterez peut-être de trouver le pont pour voir de celui-ci le canyon pour évaluer le débit. Peine perdue, tout d’abord vous aurez du mal à le trouver parce qu’il ne ressemble à rien. Ensuite, l’encaissement étant si étroit et profond que vous ne verrez pas le fond.
La descente dans le Val Zemola est épique. L’accès est dans une espèce de pentes-ravines instable et raide. Il vaut mieux commencer dans les arbres pour ensuite tirer tout droit dans le pierrier pour suivre ensuite la ravine. La descente s’encaisse rapidement en de belles cascades. Certaines vasques peuvent être problématiques en cas de gros débit. L’encaissement le plus puissant se trouve au niveau du pont. La fin étant constituée de belles cascades dans un milieu ouvert avec un joli pont de roche.
Du côté du Frioul se trouve une autre grande descente, Le Rio Simon (3,5/4). La marche d’approche est encore plus longue avec plus de 2H de randonnée. Le départ est délicat à trouver. Après s’être garé prés de l’Eglise, prenez la route à Gauche. A côté d’une ancienne pancarte commence une sente raide peu visible avec de la peinture sur les arbres. Prenez là. Suivez uniquement les chemins qui montent. Au bout d’environ une demi heure le chemin redevient meilleur. La suite ne pose plus trop de problèmes. Appréciez la pose au niveau du petit chalet et ne vous demandez surtout pas comment les italiens font pour entretenir si bien, si loin un tel endroit.
La descente du canyon est très plaisante avec de belles vasques vert-émeraude. Les encaissements et les cascades sont esthétiques. Malheureusement, les marches entre les obstacles et les blocs rendent parfois la descente fastidieuse. Il y aurait pu avoir plus de jeux. Mais ces propos découlent d’une langue bien mauvaise et comme on dit dans mon village il n’y a pas de femmes frigides il n’y a que de m…
Dans le secteur, il y a aussi pleins de petites descentes faisables après des canyons d’une plus grande ampleur. Le Rio Lavaris (non descendu) semble très esthétique. Le Rio Favarinis a quelques cascades bien creusées (1,5-2/4). Attention à l’accès final un peu difficile à trouver. Le Rio Patoc (1,5/4) a quelques beaux creusements sans sauts, mais l’ensemble manque de caractère. Pour le retour au véhicule, inutile de passer le gué. Remontez RG à travers les arbres vers l’ancienne voie ferrée jusqu’au grand pont. Puis prendre à gauche le chemin jusqu’au village (En cas de problème suivre la digue)
Au final, ce secteur peut à profit remplir vos vacances. Ah oui, pour ne pas avoir de déceptions, l’eau y est plutôt froide. De même le soir, il y a facilement des orages. Evitez donc de partir à 13H pour faire le val Zemola.
Caracal