Wouaih, exactement !
Canyon de Gamchi
Evan vient de disparaître. Le dernier souvenir qu’il nous reste de lui, c’est 3 coups de sifflets. Depuis, Pascal ne voit plus rien. Evan est invisible, aspiré par la nuit, happé par un mur d’eau impénétrable. Il laisse filer la corde sans répits. L’inquiétude pointe. La frontale d’Evan s’est soudainement éteinte sous le flux d’eau. Pascal continue tout de même à donner du mou, toujours plus. Le sac se vide doucement. Il s’en inquiète.
- Je n’ai plus grand chose.
L’encaissement est total, impressionnant, sans aspérité sur une hauteur de 150 m. Un bloc cyclopéen arrondi par les eaux, reste de crues titanesques, nourrit la perspective de ce puits sans fond. Les pires scénarios s’échafaudent et nous nous imaginons aux portes de l’enfer.
Enfin, deux coups de sifflets salvateurs retentissent, loin, absorbés par la masse.
A présent, c’est au tour de pascal, il découvre un toboggan de plus de 60 m qui se jette dans l’obscurité. Au bout de 15 m le relais décalé le place directement dans la gerbe et c’est en file d’araignée qu’il poursuit sa descente. L’eau glaciale ruisselle sur son front tétanisé, et les paquets d’eau heurtent son casque. Entouré d’un halo de lumière en lévitation dans l’obscurité, il finit enfin par voir la frontale d’Evan, hilare de sa descente et de ses surprises.
Euphorique le groupe attend Caracal, qui déjà parle tout seul en hurlant sous la cascade.
Au cœur du sujet, nous pouvons nous rappeler nos premiers souvenirs. Manu avait rassemblé quelques informations prélevées sur le site d’Andreas Brunner et possédait les cartes. Pascal nous avait appris la hauteur du plus grand rappel et la présence d’un oscuros. Ce que je retenais pour ma part c’était la langue glacière qui dominait le premier rappel. Du chemin nous avions bien vu cette étroite rigole qui découpait en deux la montagne, le fond invisible. Mais à ce point. Nous en étions étonné.
D’autant plus qu’en raison du réchauffement climatique le glacier, 50 m en retrait, ne dominait plus l’encaissement. Le petit affluent RG du collecteur nous avait consolé de ses rappels bien sculptés et étroits. Mais ensuite, une marche sans grande originalité avait succédé avant de surplomber un gigantesque chaos de blocs sans intérêt. Mais au fond le ventre de la terre se refermait en une fissure humide, sombre et glaciale.
Le rappel de 60 m nous cueille à froid. Evan part d’ailleurs en tête la cagoule encore ouverte avec une 20aine de mètres de corde. Mal lui en prit puisque dès les premières bourrasques la frontale dégage et il descend en moulinette les 40 m restant, l’eau froide à glisser dans son cou, dans l’obscurité la plus totale, maudissant pascal qui le mouline si doucement. On ne retrouvera pas la frontale et c’est Pascal qui lui en donnera une de secours.
A présent, au pied de la cascade, je continue seul, sur ma tête, les déchets du glacier remplissent totalement l’encaissement étroit de moins d’un mètre. Les cascades arrosées se succèdent, mais surtout la roche prend des formes multiples, épurées aux molles rondeurs. Je regrette l’absence de l’acétylène pour apprécier l’ambiance cathédrale. Et de toute façon, je me concentre sur Manu qui se jette dans une cascade dont on ne voit pas les amis à la base. De nouveau l’eau s’empare du canyoniste, les flots inconscients de leurs créations rocheuses et de nos frêles carcasses.
Mais le grandiose nous attend plus loin. L’instant, où les mots et le lyrisme s’estompent, inutiles bavardages, nous, incapables de décrire l’émotion d’un paysage jamais rencontré.
Est-ce l’eau qui nous amène la lumière, ou la lumière qui nous amène cette infinité de gouttelettes qui se répandent superbes dans un silo de roche aux parois grisâtres lisses ? Un puits de lumières d’au moins 80 m de haut nous accueille à la sortie de l’oscuros alors qu’une cascade se jette en même temps dans le rayon du jour.
A présent, il n’y a plus d’obstacles, et nous alternons oscuros, couloir de lumières arrosé d’une petite pluie, et encaissements plus large. Après un dernier étroit dont le passage le plus resserré est inférieur à 50 cm, nous nous retrouvons à l’air libre sur une plaine plate et arrondie.
Pascal clôture la descente par une phrase de bon sens.
- Je comprends que l’on ne voyait pas du chemin le fond du canyon !
Mais, une question reste. Comment va-t-on parler de ce canyon ? Certes, c’est un mélange du Milnarica, Trummelbach et Cormor. Milnarica en raison de sa grande cascade très encaissée et arrosées. Trummelbach du fait de cette roche glaciaire typique de la Suisse, mais sans sa continuité et sa longueur ce qui le place en dessous de ce monument. Cormor, du fait de son obscurité totale et des formes de rocher, même si Cormor et lui aussi plus long et mieux sculpté. Au final, peut-on le classer dans les plus grands canyons d’Europe avec le risque qu’après répétition l’intérêt s’estompe, l’effet de surprise ayant disparu ? Nous ne trancherons jamais ce type de débat et nous vous en laissons seules juges après l’avoir descendu

. Mais quoi qu’il en soit cette descente relativement courte offre des ambiances rarement rencontrées. (12 rappels, dont 6 dans l’oscuros)
Cotation :
Int/beauté: 3,5 -3,7/4
Altitude départ : 2000 m
Dénivelé : 300 m
Altitude d’arrivée : 1700 m
Longueur : m
Casc. Max. : 60 m
Temps d’approche : 2 h
Temps : 3 – 4 h
Temps de retour : 55 mn
Hauteur de corde : 2x60 m
Navette : Non
Période : octobre
Roche : Calcaire
Commune : Kiental
Département, Région : Berne Barrage amont : non
Massif :
Bassin :
Carte : 1248 Mürren
Caractère aquatique : Le glacier doit geler pour que le niveau d’eau baisse sans qu’il y ait trop neigé pour autant. L’accès peut nécessiter les crampons si le chemin est gelé. Les crampons peuvent aussi servir pour l’accès à certains rappels. Plusieurs rappels sont dans l’actif et deviennent dangereux en cas de gros débit. Au départ le débit est faible et augmente avec le collecteur (environs 70 l/s) et l’affluent à la sortie de l’oscuros.
Equipement : Minimaliste. A compléter chaque année.
Engagement : Pas d’échappatoires. Oscuros nécessitant la frontale. Risque de chute de pierre lors du dégèle matinal.
Historique : Gamchischlucht (Kiental - Blümlisalphorn) premiere descente de Franz Baumgartner et Andreas von Känel,
Accès : De Berne prenez la direction d’Interlaken. Bifurquez pour Kandersteg et ne ratez pas la direction pour Kiental. Au village, il faut payer un droit de passage de 13 F. Tous les commerçants et l’office du tourisme vendent le ticket. Ne trichez pas

. Ensuite continuez vers Griesalp. La route serpente le long d’un canyon impressionnant, Griesschlucht. Dès la montée terminée on se gare avant le sens interdit prés de la rivière.
Approche : Traversez le Gamchibach et continuez sur la route goudronnée. Suivez les panneaux de randonnée pour Gamchi. La route se transforme en piste puis en un large chemin. A l’alpage de Gamchi qui se caractérise par une large plaine on continue à suivre le chemin qui remonte RD du Gamchi par un chemin creusé dans la falaise. Cette portion peut être englacée et peut nécessiter les crampons. Vous surplombez les encaissements dont vous ne devinez pas le fond. Le chemin s’élève le long de la morène glacière et domine petit à petit le glacier. Vous montez, bien plus haut que le point de départ et à une bifurcation vous descendez à droite vers le glacier. Le début se trouve sur un encaissement secondaire qui se localise le plus RG de la vallée Si la passerelle a été démontée, il faut passer sur le glacier pour traverser le collecteur bien encaissé à cet endroit. Le passage varie chaque année et peut être difficile selon le recul ou les séracs. Le temps d’approche varie en fonction de la qualité du chemin.
Description : L’affluent le plus à gauche du collecteur a peu d’eau. Actuellement le glacier est 50 m en arrière de l’entrée ce qui rend moins impressionnant le départ. Mais quasiment immédiatement, la descente s’encaisse et propose une petite cascade de 3 m non équipé. Ce n’est qu’à la suivante que les premiers rappels commencent dans un encaissement fort et esthétique. L’arrivée dans le collecteur est agréable. Il faut à présent marché dans un encaissement large. On finit par rencontrer un Chaos dont sur le fond se détache un encaissement impressionnant. Vous passez RG pour trouver un anneau de corde qui permet de passer les blocs peu esthétiques. Juste aprés RD vous rencontrez un autre rappel. Vous vous trouvez à l’entrée de l’oscuros. Le relais de la 60 m se trouve RG et l’accès est dangereux si la roche est gelée. Prévoyez un rappel et les crampons pour accéder. Un bloc domine une partie du rappel dont on ne devine pas le fond. Attention, la cascade tombe sur vous et en cas de gros débit le passage devient dangereux. Fermez la cagoule
A présent, vous avez mis les frontales et le ciel ne se devine plus puisque l’encaissement est comblé par les roches. On passe un rappel arrosé et la roche prend des formes fantastiques, lisses et bien sculptées. Le rappel de 30 m est un des plus impressionnant et dans l’actif. Mais le plus beau est après. Par un rappel de 13 m on tombe sur un puits de lumières, dont le jour est accompagné par une cascade qui tombe en même temps. L’ambiance est grandiose et exceptionnelle. L’oscuros reprend de la vigueur mais il s’estompe vite pour laisser la place à un couloir dont les affluents tombe en une petite pluie à la perspective grandiose.
A présent, il n’y a plus d’obstacles, mais la courte marche ne se sent pas en raison de la variété des encaissements dont un dernier oscuros dont le passage le plus étroit est inférieur à 50 cm.
Sortie : Vous Sortez à la bergerie de Gamchi et vous retrouvez facilement le chemin de l’aller.
Remarque : le temps de descente varie selon le rééquipement.
Hébergement : Hôtel/restaurant bären, Hôtel ouvert au mois d’octobre et le moins cher à cette saison (50 F, 37.50 €). Griesalpstrasse 60. 3723 Kiental. Tel. 033 676 11 21. Email:
baerenkiental@bluewin.ch
Schwarzbach
Du chemin on observe bien quelques cascades et encaissements. On devine même une arche de roche aux embruns nourris par un débit important. Mais nos points de vue sont insuffisants pour nous faire oublier les parties intermédiaires sans intérêt. Nous arrivons donc mitigé en haut du premier encaissement que nous pensons se limiter à une simple rando aquatique.
Pourtant, une fois encore, la terre ouvre son cœur et le cours d’eau s’enfonce entre deux parois à la pureté immaculée, grises, soutenues par le vacarme des eaux. Le canyon forme 3 parties distinctes avec pour chacun un intérêt spécifique. Les marches s’oublient vites et il ne reste que le souvenir d’obstacles originaux et variés.
Cotation :
Int/beauté: 3,2-3.4/4
Altitude départ : 1820 m
Dénivelé : 400 m
Altitude d’arrivée : 1420 m
Longueur : m
Casc. Max. : 35 m
Temps d’approche : 1 h 30
Temps : 4 – 5 h
Temps de retour : 10 mn
Hauteur de corde : 2x40 m
Navette : Non
Période : octobre
Roche : Calcaire
Commune : Kandersteg
Département, Région : Berne Barrage amont : non
Massif :
Bassin :
Carte : 1267 Gemmi
Caractère aquatique : Un glacier alimente le canyon. Le niveau d’eau baisse dès que le gèle devient journalier à 2000 m. Le canyon est très étroit avec des rappels dans l’actif. Le canyon reçoit une résurgence au milieu du 2ème encaissement. Le débit idéal de départ est autour de 70 l/s pour la fin de 100 à 120 l/s.
Equipement : Minimaliste. A compléter chaque année.
Engagement : On peut s’échapper par le GR entre chaque section.
Législation :
Historique : Andreas Brunner ( ?)
Accès : De Berne prenez la direction d’Interlaken. Bifurquez pour Kandersteg. Rejoignez le village et continuez à monter la vallée vers Selden. Il faut payer à un péage automatique 10 F pour emprunter la route qui remonte les gorges. Attention, il y a des heures de monter pour la route à sens unique (entre 45 et 10 pour la montée). La piste passe sous des tunnels et traverse la Kander. Dès que vous rencontrez un pont carrossable qui repasse RG empruntez le et garez-vous un peu plus loin à côté de la maison forestière, Waldhus.
Il est possible de monter par le téléphérique qui se trouve avant le péage. De la gare d’arrivée, il faut redescendre vers le cours d’eau.
Approche : Prenez la piste qui passe devant la maison forestière en suivant le panneau du téléphérique Sunnbüel, Gemmipas. Le GR quitte la piste à droite et se rapproche de la dernière cascade de la 3ème partie. Le chemin monte à flanc de montagne pas un chemin parfois vertigineux. On rejoint une passerelle qui domine l’encaissement de la deuxième partie. A présent on monte RG et on rejoint une piste. On la suit 200 m et on entre naturellement dans la partie ouverte du canyon par une petite sente.
Description : Tout de suite le canyon s’encaisse joliment. Les cascades arrosées s’enfoncent sous des blocs. Les passages sont très esthétiques.
La marche est assez courte, inférieure à 10 mn et on arrive à la passerelle de la seconde partie. De nouveau l’encaissement est immédiat et fort. Les cascades prennent de l’ampleur et certains relais nécessitent une MC. Le plus beau reste la cascade de 35 m sous un arc de roche esthétique. On peut autant passer dessous dans l’actif ou hors d’eau RD.
La marche suivante est plus longue avec un terrain peu stable. Le GR se rapproche et juste après la rivière s’enfonce avec autant de vigueurs que pour les autres parties. Les rappels sont toujours esthétiques. Après une partie moins esthétique et plus ouverte, on arrive aux dernières cascades. L’avant dernier rappel de 22 m se termine dans une vasque profonde, avec un drossage RD dangereux en cas de gros débit. On passe une nouvelle cascade encaissée et hors de l’étroit on trouve les derniers points dans le lit fossile RG.
Sortie : On sort RD et on rejoint un chemin et le GR.