Et voilà, nous sommes de retour dans notre douillette maison, alors je fais un petit bilan de notre périple en hélvétie.
En un mot : EXTRAORDIANAIRE
!!! Nous avons parcouru 8 canyons en 8 jours, alors je suis un peu fourbu.
-Le samedi 17 : Turnigla en débit sportif pour se chauffer, qu'on ne connaissait pas et qui ne nous a pas déçu!
-Le dimanche 18: Segnes en compagnie de Lolo et Marc. Canyon délirant qui mérite sa réputation de beauté hostile. Iso 0°C sous 2000m depuis une bonne semaine. 93l/sec à la prise d'eau de Flem, 10-15 cm de neige sur la plaine en amont, 3 amarrages englacés dans la première partie étroite et peu profonde. Lolo a posé une corde de secours mais nous n'avons pas suivi le conseils disant de poser en même temps les longues cordes, alors que c'est indispensable pour profiter pleinement de l'incroyable et longue étroiture, sans se flinguer en contorsions, tirage et poussage du sac. C'est hyper physique et j'ai littéralement crevé de chaud dans ces intestins de Satan. Ce qui est vrai ailleurs ne l'est pas ici: la meilleure trajectoire n'est pas au fil de l'eau : il faut anticiper pour ne pas la suivre dans les siphons et étroitures qui la laisse passer mais pas nous!! Le plus gros danger de ce canyon me semble être le coincement sous cascade, que ce soit un pied ou le corps entier!! Ensuite quand on retrouve le ciel, j'ai fait des efforts inutiles pour suivre la trajectoire de Lolo qui a évité la vasque intermédiaire dans la C45, en se déportant considérablement de la ligne de rappel, dans une zone englacées et de rocher friable : avec ce débit, cette vasque invisible du haut comme du bas remue mais n'occasionne pas de mouvement d'eau dangereux, et mieux vaut partir tout droit. Notez qu'il y a une cavité au pied de la cascade en RG où on peut se préparer avant de traverser la vasque (bien analyser l trajectoire dés que la vasque devient visible, ca ensuite c'est la tempête et on ne voit plus rien). Dans le doute, je suis sorti au milieu et il y avait deux mètres carrés non englacés permettant de sortir de la vasque sans trop de problème pour finir le rappel hors d'eau ; mais Soussou et Marc sont descendus dans l'actif sans problème. Dans toute cette partie verticale, il faut faire attention à la glace qu'on fait tomber sur les copains. La suite est toujours grandiose et ne pose pas trop de problème.
-Le lundi 19 : Flem avec Andrej (pseudo DC : Singingrock), un slovène spéléo/canyon photographe passionné qui nous a rejoint pour la suite du séjour et qui nous a époustouflé par sa dextérité dans la maniement d'un appareil photo reflex numérique Nikon gros format, qu'il trimbale dans un caisson étanche accroché au bodard, enrobé de films plastiques scotchés, soigneusement refaits chaque soir, et qu'il dégaine à tout va même au milieu des rappels, avec un petit chiffon sec pour nettoyer l'objectif (Andrej, I'm really looking forward to see your pictures!!!). Flem était un enchantement avec un débit très correct faisant de notre descente enneigée un pur bonheur. Cela à déjà été dit mais je rappelle que la passerelle indiquant la fin de la partie II sur le topo d'Openbach, n'y est plus. Cela peut d'autant plus induire en erreur que des passerelles croisées dans la descente ne sont pas mentionnées sur le topo. La vasque problématique avec main courante RD est maintenant un meilleurs repère marquant la fin de Flem II. Nb: le temps était froid, il neigeait à Flims, et la météo annonçait de plus en plus froid, pourtant le matin la prise d'eau indiquait 83l/sec et 100l/sec quand nous sommes sortis du canyon (?). Un comportement étrange qui appelle à la méfiance...
-Mardi 20 : Rosenlaui aval, petit débit correct, aucun souci, très beau, trop court. Accueil très sympathique à la sortie du canyon par le resto (propriétaire des passerelles???). A savoir : nous avons passé la nuit sur un petit parking en sous bois sur la gauche un peu avant le parking amont du canyon Reichenbach, et nous n'y avons pas eu d'ennui !!!
-Mercredi 21 : Trummelbach, avec petit gros débit (2.3m cube/sec ) à la station Weisse Lutschine. Canyon extraordinaire et très atypique du fait qu'à cette époque, on descend sous les projecteurs et les regards des quelques touristes admirant l'oscuros depuis les passerelles. Pas de difficultés techniques particulières avec ce débit. Mais il y a un "mais", et c'est LE GROS POINT NOIR DU SEJOUR: de retour aux voitures, la police nous attendait pour nous annoncer que le propriétaire s'était plaint pour violation de propriété privée; la court ayant été mobilisée, nous devons nous acquitter d'une caution ("deposit") de 140 CHF chacun (nous étions 3, donc 420CHF en tout!), soit 40 CHF pour l'exploitant du canyon, et 100 CHF de frais judiciaires. Dans la mesure où je suppose que cet événement va soulever de nombreuses réaction sur le forum, j'abrège ici et je vais faire remonter le post concernant Trummelbach lui-même, pour la continuité de l'info. Je remarque seulement ici que nous avons tâché d'être très discret (aucun cri d'enthousiasme, et molo sur le sifflet), sans pour autant nous cacher, ne pensant pas du tout pratiquer une descente illégale ; et je ne suis toujours pas sûr qu'elle l'était... Je remarque encore que cette zone de l'Oberland m'a marqué comme la moins accueillante et la plus hostile au tourisme "cheap" que j'ai jamais vu (dormir dans les véhicules, manger un sandwich sur le bord de la route, cela occasionne une franche réprobation générale...), avec semble-t-il une pratique assez systématique de la délation : après avoir payé l'amande, nous sommes redescendus vers Interlaken, et on s'est arrêté sur le côté pour casser la croute (on n'avait rien manger depuis le matin, la sortie du canyon nous ayant immédiatement propulsés au poste de police); A peine le pain beurré, quelqu'un vient nous voir pour nous demander de partir car la police ne saurait tarder, et l'amende avec (épisode caractéristique qui avait une fâcheuse tendance à se répéter, notamment sur le parking de Sefi). Pensez-y : vous n'êtes pas les bienvenus à moins de payer, payer, et encore on ne vous sourira pas...
-Jeudi 22: Gamchi, que du bonheur. A Kiental, il y a un parking principal, et un autre en contrebas. Derrière celui-ci, il y a un ancien terrain de tennis, un peu planqué, où nous avons dormi, et garé les véhicules pour n'en monter qu'un sur la route payante vers Griesalp. Cela n'avait pas l'air de déranger les gens qui prenait l'apéro au bar tout près, et nous avons donc passé une seconde nuit sur ce parking, laid, mais qui nous est apparu comme une luxe étant donnés les épisodes précédents. Le canyon : approche sublime, redoux qui amenait l'iso 0°C à 2600m après plus d'une semaine en dessous de 2500m. 10-15 cm de neige sur le glacier au départ, une paire de crampons pour l'équipe qui n'a finalement pas été utile, ni pour l'approche, ni pour la partie du canyon précédent le gouffre (mais en prendre néanmoins par sécu). Ca glisse mais on fait gaffe et ça passe. Débit assez important mais ne présentant aucune difficulté : la C60 descendue hors d'eau à partir du relai déporté, et la C30 dans l'actif mais à côté du gros du jus (qui part RG, le mieux étant de descendre en plein milieu avec ce débit, entre les deux gerbes principales). Canyon grandiose, mon meilleur souvenir du séjour, avec Segnes : mais Gamchi dégage une atmosphère paisible, presque religieuse, et non pas oppressante contrairement au géant des Grisons. Tous les encrages étaient en place. A noter un écrou RD qui se dévisse sur la dernière cascade (C11), et qui se dévissera encore car le point n'est pas percé à la perpendiculaire du mur. Nous avons rêvé à une descente en fil d'araignée depuis l'affluent qui se jette (C100???) dans le puits de lumière au milieu de la salle grandiose précédent le corridor final... Nb : pour ceux qui accompagneraient une équipe faisant Gamchi mais qui ne parcourraient pas le canyon, mettez des chaussettes néoprènes, un bas de combi et remonter le corridor final en marchant depuis la sortie du canyon jusqu'à cette salle exceptionnelle, c'est facile et vous ne regretterez pas de vous être gelé les mollets. Sur le retour, ravi de notre descente, nous avons pu admirer les cascades déchainées de Gries, dans les marmites d'une sorcière démoniaque. Trop d'eau pour le commun des mortels...
-Vendredi 23 : Sandbach en glace, sec. Nous espérions un petit filet d'eau qui maintiendrait les vasques remplies, mais elled étaient globalement sèches. Cela doit être superbe avec de l'eau qui habille ces incroyables sculptures naturelles.
-Samedi 14 : Sefi, où nous avons par hasard fait la connaissance de Marcus (Troglobiont) et de ces acolytes. Peut être y at-til rarement moins d'eau dans ce canyon, mais nous avons trouvé un gros débit pour se canyon exigeant, dont il ne faut pas sous-estimer la difficulté. Une journée éreintante car nous avons fait l'approche et renoncé devant les cascades finales : beaucoup d'eau, on ne connait pas le canyon, ces cascades finales ne sont pas sensées être les plus difficiles, aucun relevé de débit cette année, seulement des sptits/pitons et tamponnoirs pour rééquiper. Hum... on laisse tomber et on se résout à renoncer à une descente pour la première fois du séjour (premier but comme dirait Lolo...). On a laissé les sacs en bas et finit l'approche pour constater que le débit était moins impressionnant en haut et au niveau des échappatoires qu'on a pu rejoindre. Nous nous sommes décidé à parcourir le canyon lorsqu'on a eu un visu sur l'encaissement final en remontant en sanglier juste au dessus () noter pour ceux qui hésiteraient comme nous : allez voir les trois dernière cascades du dessus en remontant au mieux en RG). On a repris les sacs et on est remonté. heureusement qu'on était parti très tôt. Résultat: presque 4 heures d'approche!! Très bel encaissement calcaire qui m'a rappelé Val Clusa dans les Dolomites, en moins long et avec beaucoup plus d'eau. La MC RG de la C40 est technique car multipoints, pas rectiligne, descendante, et sans visibilité entre le départ et le relai (au quatrième point). Heureusement que les vasques ne sont globalement pas profondes, en particulier la vasque intermédiaire de la C25, comme le remarquait Lolo en octobre 2014. Avec son débit furieux, c'est le canyon qui m'a semblé le plus exigeant parmi tous ceux qu'on a parcouru pendant ce séjour, même s'il est sans dotue moins engagé que d'autres courses glacières et obscures.
Mes sensations après ses premières descentes glacières : après Segnes, je n'ai plus jamais remis le shorty sous la combi, une erreur, trop chaud, trop oppressant, surtout dans ce canyon très éprouvant physiquement ; et même sans le shorty, je suis sorti de Trummelbach et de Gamchi en ayant vraiment chaud!! Deux paires de chaussettes néoprene, une combi 7mm + lycra, des gants 5mm, pas trop de pauses, et on est bien à mon avis... Tant qu'on reste actif, le froid ne dérange pas. Mais nous avons sans doute trouvé des conditions idéales, ni trop chaud ni trop froid, qui nous ont permis de descendre ces canyons mythiques dans une seule semaine, contre toute attente. Avec plus de froid et de glace, cela doit être différents...
Remerciements
: d'abord merci à Camille, ma copine waterproof et Soussou, mon grand pote de canyon, pour m'avoir accompagnés (en se relayant pour se reposer certains jours). Merci également à Laurent et Marc pour nous avoir introduit aux canyons glacières, et pas dans le moindre, avec Segnes. Next, a great thanks to Andrej, the crazy canyon paparazzi from Slovenija! Je remercie ensuite et tire mon chapeau aux auteurs de ce magnifique topo, le plus beau et abouti que j'ai eu entre le mains. Merci encore à tous les ouvreurs et autres contributeurs: je pense en particulier, à Timo et Holzi, dont j'ai suivi discrètement les aventures depuis la Guyane française ces 5 dernières années. Merci enfin à Tom, Fiumicicoli et à tous ceux qui nous ont patiemment éclairé de leur conseils bienveillants, nous "prenant presque par la main" afin qu'on aborde ces descentes incroyables avec les meilleures info possibles. Merci enfin à Descente-canyon et toute son équipe pour leur travail incomparable, et à tous ceux qui de près ou de loin, sans qu'eux ou moi-même ne le sachent parfois, nous ont aidé pour préparer ces sorties. Etant athée, je ne remercie aucun dieu, mais je remercie ce concours de circonstances météorologiques formidable qui nous a permis de descendre Segnes, Trummelbach et Gamchi dans la même semaine !
Le temps que je fasse du tri dans les photos, que je trouve comment les poster ici, et j'agrémenterai ce récit d'images... Il faut aussi que je corrige des copies avant la rentrées...
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Je rejoins Timo qui dit qu'il faut venir quand c'est bon et pas quand ce sont les vacances . Ouf ! j'habite pas bien loin , on ne sait jamais au mois de Novembre
: les chutes de neiges prévues sont plutôt faibles, on peut espérer moins de 20cm en tout, à voir. Les températures annoncées sont plutôt basses, iso 0°C autour de 1500m. Le temps ce weekend, plutôt sec. On part vendredi dans la journée de Toulouse pour arriver dans la soirée dans les Grisons: pour le weekend + lundi: Turnigla/Flem/Segnas, avec peut être une inversion segnas/flem selon l'ensoleillement prévu (on cherchera les nuages pour segnas et le soleil pour flem). On prévoit de la glace dans segnas, donc une paire de crampons pour l'équipe. Puis Oberland avec en vue Gamchi, Rosenlaui, Sefi et ô miracle en octobre, Trummelbach 
.On part la dessus et on avisera surplace pour moduler le programme. Avant qu'on ne me le rapelle gentiment, oui je sais renoncer...
