La Slovénie en vaut-elle la peine ?

[Caracal]

Une étrange interrogation hante mes nuits. Mais que se passe-t-il en Europe Centrale ? J’ai parcouru les régions autour des grands lacs Italiens : pas un seul français, le dolomites et les hautes vallées italienne, Idem. Même dans le Tessin le nombre de canyoneurs français était ridicule. Que se passait-il donc en Slovénie ? A peine passé la frontière j’ai rencontré pleins de voitures françaises. Parcourant les canyons très fréquentés du coin il y avait toujours autant de Français. Même, lorsque je me pointais tout seul devant un canyon, je tombais sur des Français pour le descendre.

La Slovénie était-elle un spot si fantastique pour nous traîner loin de nos chères frontières en des contrées ou on ne parle même pas français (Quel scandale) ? La Slovénie fait-elle l’objet d’une nouvelle mode, d’autant plus que la destination paraît exotique. Il n’y a qu’à voir les questions que l’on vous pose lorsque vous partez : C’est où la Slovénie ? Il doit y avoir encore la guerre ? Tu sais là bas, les problèmes, ils se règlent au couteau !...etc

Il est vrai que l’ouvrage bien utile de Franck Jourdan et de Jean François Fiorina aidés de Jacques Cohen est un élément non négligeable à cet afflux. Mais, la Slovénie en vaut-elle vraiment la peine ? Est-ce utile de faire autant de kilomètres pour ces canyons ? Ne faut-il pas mieux s’arrêter avant dans la vallée d’Ossola, le Tessin, les dolomites voire le lac de Garde pour les familles.

Force est de constater que la Slovénie a des paysages et des lumières fantastiques. Les sommets et les falaises d’un blanc virginal du Triglav sont uniques. Les eaux bleu-vert laiteuses de la Socca poussent à la méditation. Malheureusement, les canyons malgré quelques belles descentes ne sont pas à mon goût à la hauteur de tous les superlatifs utilisés. Certains éléments sont mêmes très décevants.

Pour les mauvaises surprises, les interdits et autres petites choses désagréables se sont multipliés. D’abord, l’été, attendez vous à payer 1000 sit (Soit un peu plus de 4€) pour descendre le Susec. Canyon certes mignon et ludique mais qui au mieux vous le descendrez en 1H. Ensuite, les canyons dans la vallée de Trebuscica., à savoir le Prsjak, le Mkova Grappa et le Srna Grappa doivent être descendus avec des guides Slovènes sous risque d’une amende de 100 000sit (Soit 400€) et grande deception le Gacnik est interdit (Idem pour l’amende)

D’ailleurs commençons à parler du Gacnik. Ce paragraphe va être le plus contradictoire puisque je vais le décrire tout en disant de respecter l’interdit (Je vous laisse à votre libre appréciation de juger la nature de l’exercice). En effet, quelque peu échauffé par cette législation nous nous sentions très frustrés de ne pas descendre cette course décrite comme incontournable, voire mythique. C’est pourquoi, certains se sacrifièrent pour faire le tour des habitants de la vallée. Ils visitèrent même un musée de poupée afin de mieux apprécier la nature de l’interdit, les raisons et l’intensité de son application. Après une acceptation tacite des locaux et la promesse (sincère) de respecter l’environnement nous nous engageâmes dans la descente. Malheureusement nous ne sommes pas retrouvés dans les superlatifs décrivant l’ensemble. En effet, ce parcours est une fantastique aventure écologique, mais beaucoup moins géologique. En terme de canyon, l’ensemble nous a déçu. Certes, certains encaissements sont intéressant avec ce rocher caractéristique de la région, mais d’autres canyons ont autre dimension en particulier dans le frioul ou les dolomites (Sans parler de Milnarica). En revanche, au plan écologique nous avons compris la raison de l’interdit (D’où ma contradiction). En effet, l’importance du couvert forestier entretien une vie biologique intense. Parfois nous n’avons pas osé fouler de notre pied des gravières tant il y a avait des grenouilles (dont certaines espèces que je ne connaissais pas), scarabées et autres larves qui grouillaient de partout. Les écrevisses étaient légions. En conséquence ce biotope ne doit pas avoir une surfréquentation (Les habitants nous ont parlé qu’à une époque des groupes de 15 le descendait).

En fait le problème essentiel du Gacnik est son manque de continuité. Les obstacles intéressants sont trop espacés et l’ambiance forestière ne suffit pas à faire oublier ces longues marches dans des blocs glissants. La première partie est très moyenne. Seule quelques encaissements dans la deuxième partie on un enchaînement de saut et jeux intéressants. Les 2 grandes cascades sont très jolies. Mais en général il y a un sentiment d’un manque de « finition » (Si je peux m’exprimer ainsi). Enfin, mais cela n’est pas un défaut, le canyon est du terrain d’aventure qu’il est nécessaire de rééquiper.

Le Gacnik interdit que reste-t-il de la Slovénie à voir ? Le reste peut-il remplacer cette déception. Faisons le tour des canyons les plus réputés. A la décharge de la Slovénie je n’ai pas pu faire Baladovec, l’orage nous étant tombé dessus avant ; Volarja par Podbregom il y avait trop d’eau et pour les mêmes raisons Moznika. D’ailleurs, il faut une très longue période d’étiage pour pouvoir faire ce dernier (2 échecs en 2 ans)

Il nous reste toutefois un monument : Milnarica (3,5/4). En effet, l’encaissement de cette descente est fantastique. Alors que vous êtes dans une rivière entrain de faire une rando aquatique chaotique dans un milieu semi ouvert, au moment où l’ennui vous guette vous demandant où est l’intérêt de cette descente vous tombez sur un coup sabre monumental. Par un rappel de 55 m vous plongez dans les entrailles du massif du Triglav. La paroi remonte de prés de cent mètre dans un étroit large de quelques mètres ou le soleil ne parvient plus à filtrer. Au niveau du bloc coincé (Le siphon du topo) l’ambiance est si sombre, que vous ne savez plus où est la différence entre l’eau est le rocher tant la matière est blanche. La paroi semble tapissée de liquide remontant sur les bords.

Malheureusement, cet encaissement est court et l’ensemble de la descente ne comporte pas de sauts ou toboggans. Pour les nouveautés de l’année. Au niveau de la 55m un relais plein gaz a été installé RD. Le départ est aérien et en fil d’araignée mais l’avantage est que le canyoneur ne touche pas l’eau et il n’y a pas de frottements. Pour le rappel RG, d’accés plus facile mais avec une descente plus technique et avec plus de sensations, le dérivé se trouvant dans la vasque intermédiaire est devenu un vrai relais. Attention toutefois les crues risquent de le détériorer très rapidement.

L’autre beau canyon moins technique malgré son rappel de 50 m (Evitable RG) est Fratarica (3/4). L’intérêt est les couleurs et la lumière de l’ensemble. Il y a pleins de petits sauts dans des vasques peu profondes. Le rappel de 50 m est d’une grande beauté. Pour l’accès, la montée au canyon ne pose pas trop de problèmes au début puisqu’il se trouve à proximité du canyon RD. Arrivée à la partie où se trouve la marche menant au T2 les choses se compliquent. Le chemin est difficile à trouver et l’équipement de la partie haute est moins bon (Pour les curieux, il y a un beau relais en haut de la 120 m)

Ensuite, il y a quelques très courts canyons intéressants. Tout d’abord Kozjak (2,5/4). Malgré son ambiance forestière est sombre, l’encaissement de ce canyon est très beau avec de belles sculptures. Il y a pleins de jeux et de sauts. C’est un beau canyon pour terminer sa journée. Lorsque le débit est faible, il peut-être fait avec la famille.

Un autre petit canyon est relativement ludique : Susec (2/4). Il est court, mignon et assez ludique. Malheureusement, il faut payer 1000sit pour prendre le chemin. Pour vous rassurer le gardien part vers 17H. Moment où vous avez largement le temps de le descendre sans une surfréquentation insupportable.

Encore plus court le Vrsnik (1,5/4) au maximum 15mn. Cet encaissement très court et esthétique est ludique. Si durant la descente vous n’avez pas assez fait de sauts, vous pouvez continuer à en faire en partant des bords de l’encaissement (Attention à la profondeur des vasques).

Pour le reste. Certains ventent les qualités de Podolu (2,5/4). Personnellement, je ne l’ai pas trouvé mémorable. Certes les cascades dans l’encaissement sont intéressantes. Mais, il y a d’autres canyons rappels aux formes plus suggestives et plus encaissées.

Même chose pour le Globoski Potok (2-2,5/4). Les guides mettent en valeur les 3 dernières cascades et celle de 45m. Il est vrais qu’elles sont jolies en particulier celle de 45 m, mais le reste à quasiment aucun intérêt laissant un sentiment de manque. Pour l’accès, attention, la bifurcation à droite se voit mal. Parfois, il y a un cairn, mais dans d’autres cas il aura été enlevé. Le chemin monte raide pour suivre à la fin une sorte de pierrier qui rejoint la Bergerie de Na Kolénu.

Magartski Potok (1,5-2/4) : Si vous aimez les paysages ravagés, ce canyon est fait pour vous. Sinon, faîtes demi tour. En effet, Suite à un éboulement gigantesque survenu en amont le 17 novembre 2000 suivi d’inondations dantesques, le canyon a été complètement chamboulé. Plusieurs conséquences ont suivi ce phénomène naturel. La plus esthétique, le canyon est d’un blanc virginal flashant avec le bleu du ciel. La plus gênante, tout le long de la descente les blocs et les pierres s’écrasent au fond du canyon. Tout est instable. Il faut donc absolument le parcourir par temps sec. Ensuite, les crues étant régulières et importantes, les équipements qui ont été réinstallés depuis sont soumis à rude épreuve. De nombreux points ont disparu.

Prédilica : (2,5/4) : L’avantage est que le haut reste un vrai canyon avec des cascades intéressantes. De plus vous ne risquerez plus de vous prendre des parpaings sur la tête à chaque instant. A partir du croisement avec le Mangartski potok, les mêmes problèmes se rencontrent que précédemment. De nombreux points ont sauté. Au mois d’octobre 2003, le relais intermédiaire de la C43 n’existait plus. Il faut donc prévoir la corde en conséquence. Nous avons changé de nombreuses sangles.

Sumnik (1.5-2/4), lorsque le débit est correct offre quelques jolis sauts, rappels et passages originaux. Malheureusement l’ensemble est très peu encaissé dans une ambiance forestière. Les obstacles manquent de caractères et de finitions. La piste d’accès doit être continuée jusqu’au bout après les premiers hameaux. Le chemin commence aux deux maisons, à droite en rasant la maison (Attention de ne pas déranger les habitants). Pour le haut, prenez un altimètre pour trouver le départ.

L’enchaînement Brusnik (2-2,5/4) et cascade de Rocica (2/4) est intéressant. Mais le Brusnik à mon goût n’est pas le fantastique encaissement annoncé. Certes il est joliment taillé. Mais la couleur de la roche est moyenne et les vasques sont pleines de graviers. Cela s’explique par la présence d’un gigantesque éboulement en formation au dessus. D’ailleurs ne faîtes surtout pas cette descente par temps trop humide. En découvrant les aménagements anticrues en haut et surtout en bas vous comprendrez que l’endroit peut devenir rapidement hostile en cas de pluie. Ensuite, la descente de Rocica commence par une marche fastidieuse. Mais l’encaissement qui précède la cascade est joli et la cascade est esthétique. (Attention aux frottements)

Pour Mrzili Potok les avis sont partagés. Pour les sportifs la descente est bien un aqualand. Pour le reste la marche finale gâche le tout rendant inintéressante la descente.

Pour finir, il y a pas mal de bouses sachant que tout n’a pas été fait. Suhi Potok (1,5/4) a peu d’intérêt hormis la fin qui forme un encaissement intéressant (Le haut à quasiment aucun intérêt). Potok Smast (1/4) a un accès de sanglier (Certains ont même trouvé des girolles), pour une descente forestière avec 2-3 cascades toboggans intéressantes.

Donc dans l’ensemble mon avis est partagé. Les dolomites pour prendre un exemple calcaire renferment dans un espace restreint un nombre plus important de canyons mythiques (4 canyons supérieurs à 3,5/4). En France d’autres régions ont un potentiel plus important. Personnellement, avant d’aller si loin je me serais arrêté dans la vallée d’Ossola, le Tessin, le voire autour du lac de Garde.Toutefois la région vaut le détoure si vous ne venez pas faire uniquement du canyon. Vous pouvez compléter la semaine par de la randonnée dans le Triglav voire du canoë-kayak dans la Socca. De plus la Slovénie est bien moins chère que l’Italie du Nord, tout en ayant une qualité de vie équivalente à l’Autriche (Seul les guides sont plus chers). Enfin, il y a assez de petits canyons pour toute la famille.



Petit mot sur le logement : Le logement est bien moins cher qu’en France avec des appartma à 13€ par exemple (A Lepena notamment dans le hameau avant le Sumnik). Le mieux placé pour le secteur de Trenta est la Penzion Klin. L’été le camping est de 7.65€ par personnes et 5.95 le reste de l’année. L’eau est chaude même à 21H. Le Camping conseillé par le topo à Kobarid est plus cher (10€ par personne). Les sanitaires sont de meilleures qualités avec de la bonne musique, mais l’eau n’est pas toujours chaude (Oh scandale !))

[Guest]

Salut,
T'as fait un texte plutot sympa et je te rejoind assez dans ton titre: la slovenie en vaut elle la peine?
On à fait 7 ou 8 canyons avec mon pote et c'est vrai que certains canyons etaient decevants. A noter qu'on y est allé debut septembre 2004 et on a croisé strictement personnes dans les canyons

Alors, on a essayé de faire une classification des canyons en prenant des critéres comme le caractére aquatiq, techniq, engagement mais surtout esthetisme...J'essaierai de mettre ses infos dans le forum qd je retournerai à grenoble.

Néamoins, la Slovenie est un pays superbe ou certains canyons comme le MILNARICA sont trés sympas (on est un peu spéléo aussi)...Et on parle même pas des filles notamment à Lubiana...Tout simplement superbe...

Quant aux canyons reglementés, il n'y a pas besoin de guides locaux pour le faire. il suffit de passer à l'OT du village (je me souviens plus du village Kobarid peut-etre)..Par exemple le PRSJAK.Toutefois, il est ininterressant à faire. Pour le SUSEC à la periode ou on y était, il n'y avait ni gardien ni taxe..

Oui la Slovenie est un pays exotique; et la publication du topo va accelerer la democratisation de la pratique du canyon la bas..Mais il y à en effet tout pleins de canyons à faire chez nos potes italiens: Val clusa, bodengo, menta, et bien d'autres...Ils sont vraiment classes et pas trés loin de chez nous..

Bonne bourre

[Caracal]

Mon idée, était bien là. Et je pense que c'était le but des auteurs. L'intérêt ne se limite pas aux canyons mais à la Slovénie entière.

Pour les dolomites, je penses que tu es donc d'accord avec mon autre texte (Voir italie) : les dolomites c'est fantastiques !!