Quelques nouvelles.
Désolé de répondre si tard mais avec la main gauche c'est pas facile (Même si c'est incroyable tout ce qu'on peut faire avec

).
Alors que dire de plus, une chute à la con, un petit tour en hélico, des fractures à l'hosto et des bobos pas trop grave...
Plus sérieusement, merci tout d'abord à tous les messages de soutiens et d'amitié. Ca fait du bien.
Ensuite les faits. Tout se passait bien dans la descente : placement d'un piton, 1ère cascade. Rappel avec queue de cochon pour rejoindre le relais aérien de la C40. Nettoyage des blocs de la C40 avec corde enquitée descente monobrin et enfin rappel d'une petite cascade avec surveillance du second brin pour éviter le parpinage. Et là se fut le drame

J'avais juste "oublié" de vérifier le bout de ma corde tellement j'étais sur de la longueur. Il a fallut que cette erreur à la con m'arrive au 1500ème canyon. Et c'est bien cela qui m'inquiète le plus. Malgré notre concentration, notre préparation et notre expérience, un jour ou l'autre, cette erreur surgit, même différente, et c'est la fatalité. On peut toujours dire, j'aurais du, il aurait fallu... Mais si ce n’était pas aujourd'hui, ça aurait été hier ou demain. La montagne a ses lois.
Mais la vraie peur a été ailleurs, courte et intense, pendant les quelques millisecondes où je me suis retrouvé en l'air sans connaître la suite. C'est bien vrai, une infinité d'images se bouscule dans la tête. Pour moi ce fut celui de ma fille, de ma femme,... où je me disais "Non, pas aujourd'hui, c'est trop con, alors que j'ai arrêté le canyon"... Je suis toujours entrain de tout planifier et à cet instant je ne le pouvais plus.
Heureusement, j'ai été vite "rassuré". J'ai cogné une première fois le rocher sur le côté droit et je suis tombé sur le dos dans un trou en hurlant. Cette douleur m'a rassuré. C'était le signe que j'étais en vie. Puis en vrac

j'ai vu que mes deux pieds bougeaient. La chaise roulante ne serait pas pour cette épisode. RV est vite arrivé et ma sécurisé (meilleure position, couverture de survie...). Il a aussi désengourdi ma jambe gauche. Je n'ai pas pris d'antalgique et même d'autres produits

dès que l'on a eu les secours. Nous ne désirions pas compliquer l'intervention avec des produits "parasites". Ce qui m'a sauvé ? Soyons honnête, ce fut mon matos. J'avais une bonne combi et les 10 mm de néoprène ont bien amorti la chute en laissant propre le muscle. Mon sac résurgence bien rembourré a protégé mon dos et le casque a sauvé la tête. Pour la petite histoire marrante, j'avais la sangle interne du casque imprimée sur le front

.
Ma dernière peur était alors les pierres lors de l'arrivée de l'hélico. Et je dois dire que tout s'est bien passé. Je tiens en plus de Tony et d'RV a salué personnellement le professionnalisme du PGHM. Certains contestent la forme actuelle des secours mais quand on est au fond de son trou on remercie le ciel d'avoir une telle équipe. On se serait presque cru dans un salon de thé avec de bons amis. Bien que la morphine aide à être cool
C'est donc très rassuré que je suis arrivé à l'hosto. Le médecin m'a appris que dans le pire, j'avais le moins pire. Il fallait péter un fusible, j'avais choisi

le moins ch... avec le fémur (sous trochanterien) et seulement le radius (Métaphyse inférieure). Dès le lendemain, je pouvais avoir un appui léger sur ma jambe droite et dans 6 semaines on m'enlève les broches. J'ai tout de même 3 mois d'arrêt de travail.
Au final ce qui me fait le plus ch... c'est d'être le premier à me planter dans l'Estrop en Canyon, surtout quand on sait le nombre de conseils de prudences que j'ai pu débiter et que la législation est tangente. Ca apprend la modestie

Pour, la commune l'accident n'ayant pas de suite, c'est assimilé aux accidents de rando, chasse, quad... Donc, ouf...
De mon côté, il est vrai que je vais arrêter le canyon engagé. En premier lieu pour ma famille. En effet si j'y étais resté ma femme n'avait aucune réversion de salaire et se retrouvait immédiatement à la porte, endettée avec 2 enfants à charge. Retour à la case départ à Marseille. Et même, en dehors de ce "devoir", et par provocation, quelle nouvelle émotion plus intense que Male Vesse, Bussing, Turnigla, Radeinbach, Gamchi, Trummelbach... je peux avoir

Dame nature a été généreuse, enfant gâté du canyon, inutile de tirer plus la corde (Enfin, si, j'aurais du ce jour là, la tirer plus

)
Voilà pour les détails. Pour finir une pensée pour RV et Tony. Vous pouvez pas savoir le bien que ça fait de se planter avec des amis. On pense, bcp au blessé, moins aux rescapés, alors que le choc moral est aussi fort. Notre sentiment d'immortalité s'estompe.
Pour terminer sur une pointe d'humour nous aurions pu mettre comme débit : petit niveau d'eau. Attention, rocher cassant aujourd'hui
