Le petit rond vécu sa vie de petit rond comme de nombreux autres petits ronds. Souvent oublié, souvent ignoré, il creusa son trou sur la carte. Chaque fois, il y avait des excuses pour ne pas aller le voir. Trop de glace en 2004, trop d’eau en 2005, pas de temps après. En 2006, il semblait de nouveau parti pour l’oubli. Mais le petit rond avait décidé de se faire entendre. Il voulait enfin exister, et sortir de l’anonymat de tous les petits ronds qui parsemaient la carte. Il se fit patient, et la météo l’aida dans sa quête. Ayant perdu beaucoup de temps à refaire de beaux canyons dans les Alpes maritimes

Malheureusement, il était toujours le petit second. Celui dont on sent qu’il peut réussir, mais n’étant pas né le premier, il avait toujours les seconds rôles. Comme le rite l’exige, je commençais par un p’tit oulle du Diable avec JP. La faim et la fatigue ne nous laissèrent pas le temps d’aller le connaître. La semaine suivante, on décidait de faire un autre canyon plus connu avec Laurent. Mais son ampleur était plus grande que ce que nous attendions. On parcouru ce jour là un canyon dont le dénivelé le faisait entrer dans le palmarès des plus grandes descentes européennes. Le petit rond fut de nouveau oublié. Le lendemain, les atours de Dormillouse nous firent beaucoup plus frissonner.
Le rond ne désespéra pas, il commença à sentir sa chance arriver. Il savait que sa patience serait récompensée. Il n’était pas loin de la route, et le temps courait pour lui. Il n’eut pas tord. En ce 1er décembre, il faisait une température printanière au Gioberney. L’objectif principal était d’abord le Lauzon et son célébrissime voile de la mariée, photographié par tous les touristes. Ensuite, le petit rond et le lendemain des descentes du côté du col d’Ornon. Bien sur, comme d’habitude, on mit plus de temps que prévu à descendre la 10aine de cascades d’un équipement antique. Le petit rond serait-il encore oublié ?
Mais son appel était devenu trop fort. Au loin, du chemin du Lauzon on avait vu ce petit verrou, bien fermé, massif ! Je n’aurais pas d’autres jours pour aller l’explorer. Malgré la nuit qui approchait on coura avec JP pour aller évaluer l’intérêt. JP me laissa faire lorsque je commençai à grimper dans tous les sens les abords de l’encaissement. Et lorsque je fut au-dessus, le petit rond offrit tout ce qu’il réservait à celui qui avait voulu le regarder : un coup de canon ! Et oui, si prés des Oules de Freissinière et d’autres descentes mythiques j’avais un nouveau coup de canon en face des yeux !
Mais que pouvait nous réserver le reste du canyon. Des tonnes de blocs péteux ? Nous ne le savions pas, mais on décida de laisser tomber l’objectif du col d’Ornon et de dormir à la place, à la Chapelle en Valgaudémar. Le lendemain, on entra à 11h28 dans le canyon. Dès le départ je du poser un point, les obstacles commençant tout de suite. D’abord, plutôt dans des blocs, mais très vite l’encaissement commença. Les cascades étaient bien sculptées et s’enchaînaient sans grande difficulté jusqu’au coup de canon. Et là, la cascade ne démérita pas. Droite, horizontale, bien formée, elle se fracassait 15 m plus loin. Le reste fut tout aussi intéressant avec en particulier une cascade cavernicole sous un bloc coincé énorme.
Encore, une fois par chance, un petit rond sur une carte avait été oublié. Dédaigné depuis longtemps, on avait eu ce privilège de le découvrir. A 15h33 lorsqu’on sortit, la neige commença à tomber. Le torrent de Baumette nous regardait droit dans les yeux et nous saluait, nous disant aurevoir de cet écrin blanc. Le canyon est à présent sous la neige et ne sera plus parcourable jusqu’à l’année prochaine !
Caracal avec le pauvre JP que j’ai fait souffrir comme un diable

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Plus sérieusement, je pense que la descente vaut au final un 2,5/4. Il y a bien un coup de canon mais tout de même moins impressionnant que les oules de Freissinière. Les autres obstacles sont intéressants, mêmes s’ils ne sont pas hors norme sauf le passage sous bloc. En deux mots, j’attends les remarques des prochains « descendeurs ».
A oui, pour l’équipement, il est meilleur que dans d’autres descentes mais minimaliste. On a essayé de le protéger des crues terribles, mais je pense que vu le milieu, certains vont vites sauter (En particulier au niveau du bloc coincé). Enfin, comme je le disais avant, les conditions aquatiques, l’été sont terribles. Nous, nous avions un petit débit du fait du froid et de l’absence de pluie depuis un mois ! Donc, préférez l’automne, certains passages dans l’actif sont obligatoires.
Enfin, on n’a pas trouvé d’équipement hormis deux restes de plaquettes au dernier obstacle sûrement pour la cascade de glace.