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Nous devions être nombreux à nous retrouver pour ce camp canyon. Au camping, il y avait déjà des tentes à foison. Certains avaient choisi d'habiter des gîtes, préférant un "bon coucher" à boucher les trous de mites faits dans leurs vieilles tentes. Les combis séchaient un peu partout, et les linges qui séchaient mouillaient les cordes.
Des canyoneurs arrivaient de partout, certains même habitaient Laval...Des cris résonnaient partout :
- Salut Fred !!!
- Salut Patrick !!!
- Regarde, même Caracal est là, bien qu'il déplore la foule !!!
Comme à son habitude, celui-ci mettait le produit de ses fouilles dans des caisses, il triait mais chipotait à l'arrière de son Partner. Enfin, il arrive, secouant sa caissette jusqu'au camp, et s'installe avec un petit groupe. "Il faut être peu pour bien dîner" pense-t-il et se penche, comme d'habitude, sur des topos, des papiers bien condensés que je lui avais prété. Me tournant vers lui, je lui dis :
- "c'est au grand Jacques, et il faut que bouquin rende".
- "Les pages sont faites à l'usine, et je vais pas mouiller ses fiches" me répond-il.
- "Fais gaffe, tu le connais, tu sais qu'il a le sang qui bout malgré ses bons côtés".
Convaincu, nous allames trouver le grand Jacques un peu plus loin.
- "Buvez un coup !!!" nous dit-il "l'anis allume".
- "Ah, oui" dit Marie à ses côtés, "mais moi, j'aime le gout de ce petit blanc".
- "O.K." dit Ivan en riant "je vais en déboucher une".
- "Goutez ces "flans" que je vous sers" rajoute Franck notre président. Il dose leur part et leur en sert des "tassés" pendant que sur le feu un ragout frémit.
Etant pressé pour diner, je demande : "c'est quoi ?".
- "Des Galtas" affirme Rémi le Catalan.
- "Mmmhhh, des Galtas (joues de porc en ragout catalan), j'adore".
- "Oui, les joues semblent cuire" rajoute Jacques, grand amateur de la Catalogne, en me tendant un autre verre "c'est à l'ami que j'offre mon vin". Je le siffle et en ressert un à Marie qui refuse : "ce coup de blanc m'a grisée, j'arrète".
Les galtas sont prètes, on se sert, mais la sauce qui coule macule Henri. "Essuie ça vite et bien" lui dis-je, ça tache.
La nuit tombe et la pile bienvenue dans la frontale nous permet de continuer à y voir. Un feu de camp est allumé, mais le propriétaire des lieux intervient : "attention à ne pas bruler les camps !".
On dine en pensant que ce petit camp n'est pas désagréable à la longue et qu'on fera attention. Mais demain on attaque tôt et tout le monde va se coucher.
Au petit matin nous avions une course, un but. D'accord sur ce but pour passer de la crète à l'abime que nous avions repéré, nous étions peu de mecs pour faire équipe et courrir sur le mont. D'autres n'avaient pas eu le courage de ce but et préféraient des sites avec moins de bosses.
Nous voyant partit dès l'aube, le propriétaire nous dit "où avez-vous péché ces lubies ???". "On part tôt car la canicule nous emballe pas pour marcher et rien n'est trop beau quand il s'agit de grandeur" répond ce poète de Caracal.
Le tout étant trop confus, et sachant que le sport enferme certains et leur font voir le monde conique, l'homme préféra garder le silence et nous regarder partir.
Dans notre groupe, tout le monde avait compris que Caracal faisait de nombreuses courses pour un seul but, et que, noyé par ses cours, il vivait dans un monde à part dans lequel les voies de Dieu sont impénétrables. Personne ne lui parlait plus de mythologie depuis Male Vesse et ne l'embétait avec Hercule. Quel beau métier professeur !!!
"Matez-moi l'abysse" dit-il tout en haut de la crète. "Vise la bète !!!".
Devant l'abîme de notre belle terre, et devant la nouvelle subite de l'action, plus personne ne s'ennuyait dans la file. Malgrè qu'elle gémisse de froid à cause du vent trépidant, Marie jette avec puissance : "ah, beauté des sites !!!".
Peu après, nous étions enfin dans le canyon, encore silencieux si tôt le matin. Deux biches y buvaient. L'une semblait blessée, la patte de la biche était tordue.
- "Comment ça se fait ?"dit Marie.
- "Tu sais, les luxations mènenet à la félure et à des attitudes vicieuses (déformations)" je lui répond.
- "Ah, t'es bien kiné, toi !!!" rigole Ivan en se moquant. " Tu va amputer la jambe ???".
- "Ce Marc est bien trop doux" lui rétorque Marie pour me défendre"Jamais il ne ferait ça".
Hop, on s'avance dans l'eau qui mouille nos corps pendant que les bètes fuient. La première cascade n'est pas équipée et Caracal sort son tamponnoir et, distrait, tamponne le doigt de Marie. "Aïe" dit-elle et Caracal désolé devient gris de l'avoir tamponnée. Marie le pardonne : "c'est une fine pierre qui glisse et tamponner est délicat" et elle rajoute "cette pélite rouge qui glisse me botte bien".
On établit un premier relai dans la grande cascade ("ce roc est plein de confort" dit Ivan. "Bon relai") et par effet de translation on décale les frottements.
Le canyon continue et on descend entre deux bains de belles cascades. Certains s'y plaisent et se baignent. Certaines cascades se sautent, le record du bond est pour Lionel. D'autres préfèrent les tobs avec départ sur le dos, mais leur râte se dilate à chaque chute.
On observe la nature (tiens, un scorpion ! Pas mal!), et on avance en restant groupés : il est bon de ne pas se quitter.
La cascade suivante est emulsionnée et Robert descend encordé dans les bulles. Ca remue et le gros Bob sort de la zone et fait un guidé sur un tronc. Le tronc près du cou, il tend le rappel. Les bons nous quittent les uns après les autres pour aller en bas. La descente est bientôt finie, l'orage gronde et nous sortons juste avant le bond de la crue pour l'observer depuis nos véhicules. Là, sans crier l'aveu de notre imprudence (avions nous le choix dans la date ???) nous nous taisons en bas, près des voitures, et pensons qu'on est passé à deux doigts d'un problème et nous débitons des pelotes de corde pour le lendemain.
Dautres descentes nous attendent.


