Depuis 3 ans (février 2004), je suis membre de ce site (DC).
Grace à DC, j'ai rencontré plein de canyonneurs, en général assez
expérimentés (mais pas tous), fait plein de rencontres sympas, et de
descentes grâce au forum "petites annonces" et aux contacts qui en ont
découlé.
Le forum est un outil puissant pour les rencontres, le brassage de pratiques hétéroclites et donc l'enrichissement personnel... c'est génial mais cela crée aussi des situations nouvelles que nous devrions tous prendre plus en considération.
Je veux évoquer 3 points particuliers :
1) Descente faite en compagnie de quelqu'un qu'on ne connait pas et qui
est inexpérimenté.
2) Descente faite en compagnie de quelqu'un qu'on ne connait pas et qui
semble expérimenté.
3) Descente faite en compagnie de quelqu'un qu'on connait et que l'on
sait expérimenté.
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1) Descente faite en compagnie de quelqu'un qu'on ne connait pas et qui
est inexpérimenté
Ce premier cas, s'apparente à une sortie d'initiation type club, où l'on
ne connait pas ou peu les personnes débutantes... Dans cette situation
le "leader" de la sortie, va être perpétuellement sur ses gardes et
contrôler la progression de chacun.
Ca ne pose pas de problème si :
- tout le monde est préalablement au courant du niveau de chacun, et
donc que l'un d'eux assume sciemment de jouer le rôle de leader et a les
compétences pour.
- que celui-ci a choisi une descente adaptée à l'initiation et utilise
les techniques approriées.
- que celui-ci a pris le soin d'être accompagné par une autre personne
expérimentée, de sa connaissance (de sorte de ne pas avoir de surprises
parmi le potentiel d'"encadrement").
Le risque "accident" est faible.
Hormis les problèmes techniques, le leader est susceptible d'avoir à
gérer l'appréhension du débutant ou la panique.
2) Descente faite en compagnie de quelqu'un qu'on ne connait pas et qui
semble expérimenté.
(le jugement est généralement basé sur ses dires, les discussions
préalables, parce qu'on a une connaissance qui vous a parlé de cette personne, et le déroulement des premiers rappels).
Ce second cas, est à mon avis un des plus dangereux et accidentogène.
La descente choisie :
- n'est pas forcément une descente connue (premier risque)
- ni forcément adaptée aux capacités de tous par méconnaissance et
surestimation des capacités de chacun (2ème risque).
* Ce n'est pas parce qu'une personne a fait telle descente que vous
pouvez juger de son niveau.... Selon les conditions de descente (débit,
en situation d'encadrement, encadré ou en groupe autonome) tout est
différent. Un canyon dit "difficile", bien géré peut être accessible à
tous.
* Ce n'est pas parce que vous voyez cette personne progresser en
autonomie sur quelques rappels, qu'elle sera apte à réagir correctement
et encore moins comme vous l'imaginez. Il faut apprendre à se méfier des
compétences qu'on peut attribuer inconsciemment.
Globalement, chacun est moins attentif aux autres, personne ne va tout
vérifier systématiquement. C'est là qu'intervient la notion capitale
"d'excès de confiance" très accidentogène. Un détail qui ne pose aucun
problème à celui qui le côtoie habituellement peut pourtant être une
difficulté (franchissement d'obstacles, franchissement de surplomb,
coincement de corde à rectifier, pendule à effectuer, relai suspendu,
mouvement d'eau, ...) ou passer inapercu (corde de diamètre faible, freinage insuffisant, gestion des frottements, mouvement d'eau, siphon, etc...) pour celui qui le croise pour la première fois et avoir des conséquences potentiellement dramatiques.
Cette personne n'a pas nécessairement le recul nécessaire pour s'adapter à la situation.
Faire confiance, peut être à tort, conduit à équiper comme à son
habitude, sans rappeler les règles d'usage de certains montages qui vous
sont familiers, ou à progresser sans prévenir de certains dangers qui
vous sautent à l'oeil... mais ces montages, ces matériels et ces dangers
sont-ils aussi évidents pour tout le monde ? Vous n'envisagez même pas le
fait qu'il puisse y avoir un quelconque problème... et en un quart de
seconde, un accident est arrivé.
La solution ne consiste pas à se méfier de ses coéquipiers ou à leur
faire passer un test technique, mais simplement au détour d'une phrase
de s'assurer que chacun a analysé correctement l'environnement dans lequel
il progresse, que chacun sait adapter l'utilisation de son matériel à un
montage et/ou du matériel qu'il n'utilise pas couramment, ou encore que
chacun est à l'aise pour faire face à une difficulté... et puis c'est
aussi l'occasion d'en apprendre plus et d'échanger sur des techniques
nouvelles !
3) Descente faite en compagnie de quelqu'un qu'on connait et que l'on
sait expérimenté.Ce dernier cas rejoint le précédent au sujet de "l'excès de confiance".
L'expérience présumée de chacun fait que personne ne contrôle ce que
font les autres... Vous faîtes confiance à vos partenaire, vous blaguez
encore plus et tout "coule" et se fait en vitesse, naturellement, comme
d'habitude... Vous laissez volontiers vos partenaires se débrouiller
seuls et parfois vous vous éloignez pour équiper le rappel suivant.
Malgré le groupe, chacun fait le canyon un peu tout seul.
Grosse erreur. Si une intervention doit avoir lieu, elle devra être
immédiate et un retard pourrait être fatal. Bien souvent, cela se joue à
quelques dizièmes de secondes...
De plus, si votre equipier expérimenté se blesse bêtement dans une désescalade, vous ne le verrez peut-être pas...
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Les questions/conseils qui suivent peuvent paraître évidents. Mais qui
les suit et les applique tous, en permanence, parmi nous ???
Pas moi jusqu'à il y a peu. Mais ça risque fort de changer.


suffisamment et sur lequel vous pourrez comptez en cas de réel danger ?


soit vous ou un autre qui l'ait équipé ?

gens que vous connaissez peu ? Et vous arrive-t-il de remettre en
question l'équipement mis en place par un autre ?

passage, et qui fait quoi ?

vous que le premier à descendre est muni d'un sifflet ?

attacher la corde au relais, savoir-faire clé d'arrêt, présence ou non
d'un noeud en bout de corde, brin ajusté au raz de l'eau ou peut être un
peu court, type de freinage utilisé en fonction de la corde ou du type
de descendeur et de la topographie, etc...
Bref, toutes les petites réflexions que vous vous faites pour analyser
la situation et qui justifient certains de vos choix, ne
pourraient-elles pas être faites à voix haute, pour profiter à tous ?

expérimenté qui aura tendance à fonctionner en "roulement" relativement
proche d'une descente "solo en groupe" ?

Il me semble aujourd'hui que le respect de ces bases simples qu'on a
souvent tendance à oublier au profit d'usines à gaz "techniques" est
certainement plus préventif de l'accidentologie qu'autre chose. Dans de
nombreux cas, certaines techniques auraient certes pu pallier à
l'accident... mais celui-ci est-il vraiment dû à leur absence, n'aurait
il pas pu être empêché par quelques précautions en amont ? Excepté si
les techniques mises en place peuvent parer systématiquement tous les
imprévus, l'application de solutions techniques ne suffit pas à pallier
aux accidents dûs à l'excès de confiance.
Encore une fois, cela n'enlève rien au bagage technique. Mais l'aspect
"intellectuel", le dialogue entre équipiers au cours d'une descente, en
particulier lorsqu'ils ne se connaissent pas, doit être tout aussi
important. Et le "leader" d'un groupe, devrait s'assurer que l'ensemble
du groupe est apte à progresser en sécurité, en dépit des a priori.
Texte co-écrit par Marc Maurin et Delphine B.
Remerciements à J.C. D et Marie.C pour leurs critiques pour une fois constructives
