@Monkey23,
Très intéressant et très beau plaidoyer, mais je pense qu'il faut avoir à l'esprit que la canyoning, comme quelques autres pratiques sportives peut se faire sous trois aspects différents :
- la pratique autonome, entre pairs, équipiers avec lesquels tu vas régulièrement faire des courses, pour toi, pour le plaisir d'être ensemble, de partager un moment un peu privilégier, sans objectifs autres, globalement, que le plaisir de partager, ou peut être de se lancer un défi sur une course en particulier : longueur, durée, fluidité de la progression, etc...
- la pratique de club, où il y a une réelle responsabilité qui repose sur le Pdt du club lorsqu'il fait encadrer des sorties par des cadres, qui doivent être formés, donc maitriser a minima des manips nécessaires. A partir du moment où l'on confie 'la vie" de personnes à une autre, cette dernière doit être compétente (qualifiée c'est mieux) pour en assurer la qualité de prise en charge technique et sécuritaire. Ici, en canyoning, contrairement à d'autres sports, il n'y a pas de compétitions. Si en plus cela existait, il y aurait encore une autre facette de la pratique...
- la pratique pro, essentiellement commerciale et c'est normal, mais qui peut aussi donner l'occasion de faire découvrir l'environnement, de sensibiliser, de faire partager sa passion, en plus de gagner sa vie, bien évidemment. Là aussi la responsabilité est très grande.
Et comme dans d'autres activités sportives, il est souvent flagrant de constater que les autonomes passionnés, ou bien les cadres de clubs, maintiennent un niveau technique parfois supérieur aux pros, car le pro, et c'est normal, refait globalement les mêmes canyons avec les mêmes manips, et perd un peu le temps, l'envie, ou la nécessité d'entretenir les manips "complexes". C'est souvent lors des recyclages que les manips "oubliées" ou mises de "côté" dans le quotidien professionnel, sont de nouveau pratiquées... et parfois même difficiles à refaire...
Un exemple, peut être encore plus flagrant, est en ski. Beaucoup de jeunes freeriders passionnés ou pratiquants de clubs (là, en plus il y a la compète) donneront la misère à un ESF qui ne pratique plus pour lui, qui ne fait plus le challenge, etc, etc,... Quand tu fais du chasse neige 8 heures par jour, ben le jour où un petit jeune te propose d'aller faire des bosses "et d'envoyer du bois", tu auras du mal, voire même, tu déclineras...
Chaque type de pratique impose un bagage technique. Mais la technique n'est q'une adaptation intellectuelle et physique pour résoudre un problème, ou réaliser une situation avec une efficience la plus juste possible. Or le canyon fait surtout appel à des manips et moins à des "techniques" (au sens propre de l'organisation motrice) comme c'est le cas dans d'autres sports. Le coup droit de Féderer, celui de Nadal, ou de Djoko, seront toujours des coups droits mais chacun de leur mouvement sera différent en fonction du physique, de l'organisation des coordinations propre à chacun, de sa perception du geste, de ce qu'il veut produire en tapant la balle, etc... En canyon il y a, in fine peu, ou moins, de techniques qui vont dans ce sens là, dans cette conception du geste moteur. Il y a peu de morphocinèses.
Les manips renvoient à une corrélation obligatoire avec la sécurité, qui dans telle ou telle situation demande des organisations matériels spécifiques, des montages particuliers, pour assurer cette sécurité. C'est par exemple le cas d'un rappel débrayable, d'un guidé, d'un déb du bas, etc... parce que justement le rappel en canyon oblige à des aménagements particuliers là où par exemple le rappel en escalade est bien plus "pauvre" dans ce domaine là, et en comparaison il reste basique.
Donc oui selon la pratique, des manips, des techniques, peuvent / doivent se faire exiger pour attester de la compétence de celui qui exécute et lui accréditer la légitimité et la crédibilité d'encadrer, ou non.
Désolé d'avoir été "un peu" long...