PL06 a écrit : ↑lun. 16 août 2021 12:45
olivier gola a écrit : ↑lun. 16 août 2021 09:59
- A partir du moment où on équipe, on se doit d'être en capacité de remonter un équipier en difficulté. C’est vital. Remonter un équipier en difficulté sur la corde de descente, quelque soit la technique de descente mise en place n’est ni difficile, ni compliqué ; il suffit de s’y préparer.
Salut Olivier,
A la lecture de tes conseils, j'ai parfois l'impression que l'on ne fait pas le même sport, même si pratiqué dans des lieux identiques...
Je profite du dernier post de Valcibiere, pour te poser ces questions:
- Comment fais tu pour savoir quand un équipier sera en difficulté, dans une cascade dominée par un relais duquel il n'y a pas de visibilité?
- Comment fais tu dans ce cas pour connaitre la nature de la difficulté, s'il faut alléger, faire remonter de 50 cm où remonter au relais, s'agit-il d'un pied coincé, de cheveux pris dans le descendeur, malaise où autre problème? Question subsidiaire: dans la vraie vie as-tu connu cela?
- le canyoning en milieu associatif (cadre en club, fédération etc...) n'a-t-il pas fait naître une pratique bien spécifique qui consiste à descendre essentiellement les mêmes canyons (pour la 128° fois), avec des stagiaires souvent différents, pratique dont l'essence même, n'est pas dans le parcours proprement dit mais dans la découverte de techniques diverses et variées qui finalement ne servent que dans ces cas là?
Je te pose ces questions, car j'essaye d'intervenir toujours très concrètement: il y a 2 jours j'ai descendu Colombier dans le Champsaur; et chemin faisant, j'ai pensé à toutes ces manips (bizarres pour moi), souvent évoquées dans ce forum, et je me posais la question de savoir si, en ce joli parcours, celles-ci étaient toujours applicables (comme le balancier dont il est question)... Et dans la mesure où, dans une bonne moitié des cascades (avec débit vraiment très généreux), le leader n'ayant peu où pas de visibilité sur ses coéquipiers, comment ferait-il, (même préparé et équipé, ce qui ne doit pas être souvent le cas...), pour faire remonter un gars de 30kg de + que lui, avec flotte sur la tronche et dans le sac, + ne serait-ce que le frottement de la corde dans le mousqueton et de surcroît à partir d'un relais inconfortable? (Ha oui, au fait, j'étais seul, comme ça pas e..erdé par un "équipier en difficulté"...)
Je ne doute pas qu'avec des stagiaires, dans des canyons bien connus, beaucoup de manips puissent être réalisables, mais dans la vraie vie?
Est-il vraiment nécessaire de partir équipé comme un sapin de noël dans des canyons que l'on ne connait pas (croixnyonisme), mais étudiés au préalable, avec des équipiers que l'on connait bien, voir très bien? (A la différence de la pratique en collectivité (tu parles de leaders, de cadre), où celle-ci s'opère majoritairement donc dans les mêmes canyons avec des gens différents dont on ne connait pas le niveau, l'aisance et/où la motivation)?
Bref, il me semble que la connaissance de toutes les manips, tous les noeuds, est inhérente à cette pratique, qui n'est pour moi pas une pratique normale où ordinaire.
Je fais encore une fois un parallèle avec l'alpinisme: est-il nécessaire de connaitre 50 manips pour faire la face nord des Jorasses où aller au guide? je ne le crois pas, même si pour aller au guide il faut en connaitre qqzunes malgré tout...
Bonjour PL06
Ta réponse me conforte dans l’idée que j’ai bien fait de donner mon avis sur le sujet, car nos visions des choses sont vraiment diffèrentes.
On dit que l’insouciance rend les gens heureux , je crois surtout que dans nôtre pratique de loisir, elle les rends surtout plus vulnérables et cela malheureusement se vérifier fréquemment. Cela dit nous avons des circonstances atténuantes, car il est dans la nature humaine (surtout chez les mecs et d’autant plus lorsqu’ils ont un titre) une tendance naturelle à être convaincu que rien ne peut leur arriver parce qu’ils pensent avoir tout prévu et pouvoir maîtriser leur environnement. Cet excès de confiance et bien souvent la source d’imprudences et de nombreux accidents qui aurait pu être évité en faisant preuve de davantage d’humilité et en s'imposant des règles.
La descente de canyon est probablement l’activité de montagne à corde la plus dangereuse qui soit, car en se pratiquant dans un environnement à la fois vertical aquatique encaissé glissant instable et imprévisible, elle cumule les difficultés et les risques. Pourtant, tant qu’on n’a pas vécu une expérience malheureuse ou traumatisante, on se remet rarement en question et on ne voit pas l’utilité de toutes « ces manips bizarres » d’auto-secours, comme tu les appele.
Etre en capacité d’intervenir sans délai en optimisant son aisance sur corde et en maîtrisant les techniques d’auto-secours son des critères essentiels en matière de sécurité en canyon tout comme la gestion d’un blessé et le déclenchement des secours.
C’est vital, car concernant les manips de balancier, on peut être amené à devoir :
- remonter en urgence un équipier en danger.
- remonter un équipier en situation de détresse sur sa corde
- remonter un équipier qui n’a plus la force de remonter sur la corde
- remonter un équipier blessé pour le mettre à l’abri.
Dans la vraie vie, comme tu dis, des personnes seraient encore en vie aujourdhui si leurs coéquipiers avait été en mesure d’intervenir. Les exemples sont nombreux, j’en connais plusieurs dans mon entourage et je vais éviter d’en parler pour ne pas enflammer le débat. Malheureusement, l’homme, par nature, à également un autre défaut récurent : il à tendance à avoir la mémoire courte.
Imaginer des cas de figure compliqués et ingérables pour se dédouaner et un faux prétexte, car d’une part, si à l’impossible nul n’est tenu il n’appartient qu’à nous de tout mettre en œuvre pour repousser ces limites en se perfectionnant au mieux pour pouvoir intervenir et, d’autres parts, cela peut aussi se produire sur des petits obstacles. Dans de nombreux cas de figure, on peut intervenir efficacement et avec succès. La plupart du temps, ce n’est pas parce que c’est impossible à réaliser qu’on ne fait pas les choses, mais bien parce qu’on ne sait pas comment s’y prendre et que faute de s’y être préparé, on est convaincu de ne pas être en capacité d'y arriver.
Il n’est pas nécessaire non plus de ressembler à un sapin de Noël pour pouvoir intervenir ; sur mon baudrier, en plus du matériel basique (longes, descendeur, croll et bloqueur de main + pédale rangé dans une pochette, j’ai uniquement deux mousquetons, un huit pour l'équipement et deux micro sangle Dynéema de travail de tailles différentes, minutieusement rangées dans un petit étui. En fonction du contexte, j’y adjoint un poulie bloqueur, car cela peut vraiment rendre service.
Dans ma pratique, j’ai été confronté plusieurs fois à devoir faire face à des situations improbables et le fait d’avoir, par exemple, du matériel de remontée efficace (à l’image des spéléo), parfaitement adapté et en place a été un élément décisif. Après 40 ans de pratique, je suis intimement convaincu de la nécéssité de se préparer et il ne me viendrait pas à l’idée de m’engager dans un canyon technique sans mon matériel de remontée en place.
La maîtrise des techniques d’auto-secours n’est pas non plus une spécificité du milieu fédéral friand de technique, mais bien un nécessite liée à l’environnement de cette pratique. J’ai eu l’occasion d’ouvrir un grand nombre de canyons en première en France et à l’Étranger ; dans un contexte pour le coup très éloigné de celui que tu évoques et pourtant ces principes de précaution étaient encore plus importants, car dans ce cas, on se doit de pouvoir faire face à l’imprévu et pouvoir compter sur ses coéquipiers.
Cordialement Olivier GOLA