Dans ce type de situation, je pense qu'il n'y a pas de solution prédéfinie, que la recette miracle si elle a marché une fois dans un canyon, il n'est pas dit qu'elle marche la prochaine fois ailleurs avec d'autres personnes.
Cependant, il y a deux facteurs qui me paraissent incontournables c'est tout d'abord le contexte géologique en rapport aux évènements climatiques et c'est ensuite le facteur humain.
1/ le facteur humain: la taille du groupe, sa composition (condition physique du plus faible), son aptitude à aller plus vite sans danger, les réactions individuelles face à un stress, la prise de décision (y a-t-il un lideur

? Y a-t-il unanimité sur la décision prise), la connaissance ou non du canyon sont autant d'éléments qui vont influencer la prise de décision et qui feront qu'à même situation, 2 décisions inverses pourront être prises et seront justifiées.
En effet, un groupe de deux canyoneurs expérimentés, qui se connaissent bien et qui connait le canyon aura peut être raison de continuer sa descente en faisant par exemple certains rappels ensembles par contre-poids.
Par contre, dans la même situation, un groupe important, avec des gens peu expérimentés, même s'ils connaissent le canyon ne pourra pas aller aussi vite et se mettra seul en danger si la décision de continuer est prise.
Celà dit, que se passera-t-il dans notre groupe de deux, si en voulant aller plus vite, l'un des deux se fait une cheville et ne peut plus marcher? Ils attendent ou il attend la vague?
2/ le contexte géologique et météo:
Chaque canyon a ses propres caractéristiques qui font qu'il aura son propre temps de réaction en cas de fortes précipitations, qui font qu'avec les mêmes précipitations un canyon deviendra extrèmement dangereux et un autre passera plus facilement.
Deux exemples:
- il y a quelques années j'ai fait la descente de l'Ardèche en canoë (il est interdit de rire). Le lendemain matin après le bivouac, plus de bateau, la rivière était montée de 3m dans la nuit. Et nous on n'avait pas reçu une goutte d'eau, par contre ça avait du bastonner bien plus haut. La même situation dans un canyon, qui peut dire ce qui se serait passer? Le ciel est menaçant, mais il ne pleut pas au dessus de nos têtes, c'est bon on y va... Et d'un coup une vague, c'est peut être ce qui s'est passé cet été dans le 06? Peut-être pas.
- cet été, je sors d'un canyon et d'un coup, des trombes d'eau comme j'ai rarement vu. Je décide de rentrer dans le canyon pour voir si un de mes amis qui encadrait un groupe était en difficulté: je fait 100m vers le départ du canyon et pas une goutte d'eau, rien. Le lendemain le débit n'avait pas bougé.
Voilà, deux exemples qui se contredisent, mais qui devraient rester dans la mémoire de chacun, la nature est peu prévisible.
Ma conclusion:
- quand je connais pas le canyon et si j'ai des débutants ou des gens peu sportifs, s'il y a un risque météo je n'y vais pas
- si je suis avec un ami avec lequel je pratique beaucoup, on voit sur place après avoir eu des info fiables sur le canyon (durée, engagement, pièges, échappatoires, débit actuel et temps de réponse).
- Quand je connais le canyon: c'est au coup par coup, je peux y aller comme ne pas y aller, dans tous les cas jamais avec des débutants ni à plus de 3.
- Par contre, ceux qui n'ont jamais planté un piton ou un spit de leur vie, ceux pour qui le canyonisme se résume (je ne suis pas péjoratif) à passer la corde dans le maillon et à descendre en rappel, ceux qui ne sont jamais allé voir ce que c'était le bouillon, je leur conseille de rester chez eux quand il fait mauvais.