Histoire vécue d’une montée d’eau dans le canyon du Groin Lundi 12 Oct
Publié : mar. 13 oct. 2009 03:48
Je n’arrive pas à dormir, il faut que je raconte.
Hier, avec mon amie, nous sommes allés descendre le canyon du Groin, dans l’Ain. Départ du canyon sous un grand soleil, débit correct, juste ce qu’il faut. Résurgence en amont ok.
On rentre à l’eau à 10h35. A midi, après avoir marché pendant une bonne demi heure dans le chaos de bloc entre les 2 encaissements. Nous sommes dans le petit encaissement en amont de l’enchaînement des cascades finales C8 + C6. Moi devant, je nage dans la marmite suspendu pour aller rejoindre la lèvre, je commence à trouver que ça pousse un peu. Le débit partant plus à droite, j’aborde la lèvre sur la gauche, je prend pied, cherche le relais, il n’est pas en RG, je me retourne, et je vois derrière mon amie qui nage que le débit à fortement augmenté, elle dans l’eau commence à se faire emporter, moi à califourchon sur le bord de la cascade, non vaché car le relais est en face trop loin pour l’atteindre, j’essaye de la retenir. On se fait tous les 2 emporter dans la cascade de 8 m. Heureusement pas de bloc à l’arrivée, mais on a bien touché quand même.
La vasque, d’environ 20m², tourbillonne, on se fait brasser, en repassant à chaque tour sous le jet de la cascade. Je me débats pour larguer mon sac qui est sur mon dos et m’empêche de nager. J’arrive à prendre un appui sur mon pied, je choppe mon amie, mais étant trop en déséquilibre, on repart dans la vasque. J’arrive cette fois ci à prendre un bon appui, mais mon amie tourbillonne trop loin de moi. Les 2 sacs, sont rabattus sur moi, je les attrapes, en voyant mon amie sombrer de plus en plus, heureusement, en sombrant elle se fait emporter sur l’extérieur de la vasque et du coup attrape le contre courant, la ramenant vers moi, comme pour les sacs. On reprend nos esprits, lentement. Après un quart d’heure, on s’installe mieux, à ce moment le débit était « Très gros », il baisse un peu mais pour mieux augmenter 2mn plus tard, là il devient en « Trop d’eau ». On attend, je regarde autour, pas moyen de sortir de la vasque, le jet viens taper sur la sortie, créant un tourbillon qui nous ramènerait, et en plus derrière cette vasque il y a une cascade de 6m. Pas d’échappatoire possible par le haut, la roche est lisse. Vers 13h30, le niveau d’eau dans la vasque commence à monter, de plus de 30cm, on change de position, elle se mets à ma place, ou on tiens debout sur les 2 pieds avec de l’eau jusqu’au genoux. Moi je me mets sur une bosse de rocher ou j’arrive à poser un pied.
Et on attend, on ne souffre pas trop du froid, malgré le fait que l’on est sous un jet secondaire de la cascade, le genre de jets qui tape déjà bien.
A ce moment là après déjà 3 heures sur un pied, avec toujours ce débit dantesques derrière nous, mentalement ce n’est pas facile. Forcement du monde savait que l’on allait faire se canyon, mais on avait prévenu personne en particulier en disant, si à telle heure on n’est pas sorti… J’ai l’espoir de me dire, que en s’équipant ce matin le riverain en face du départ nous à regarder, je me dit que si il voit la voiture qui ne bouge pas, peut être que…
A 16h10, on aperçoit en face de la cascade 3 personnes nous faisant des signes, la pour nous c’est un soulagement profond. 15mn après on voit le GRIMP, au même endroit, qui on l’air dévaluer la situation. A 17h, le pompier du GRIMP descend vers nous en rappel, quel bonheur de se vacher sur lui, mon pied d’appui engourdit par le froid, commençait a glisser de plus en plus souvent. Le pompier m’installe pour que je remonte sur corde, chose pas facile après plus de 5h passé là. Mon amie est moufflée juste derrière moi.
Pour finir une énorme frayeur, pas de mal pour nous. Les pompiers ont été géniaux, en tout 31 personnes se sont déplacées pour nous. Une honte terrible, nous qui sommes toujours prudent question débit, je ne compte même pas le nombre de demi tour que l’on a fait cette année. On était renseigné, avec la fiche de la base, et le topo de caracal, j’avais regardé la météo de ces derniers jours, mais pas fait d’observation sur place, sachant que l’on revenait d’Oisans. On voulait faire cette descente sur notre route de retour.
Si ils lisent se forum, je tiens vraiment à remercier les pompiers, qui ont été géniaux, aucune reproche envers nous, en nous dédramatisant, sachant que l’on est pas du coin, on ne pouvait pas savoir. Aussi et surtout remercier le riverain qui s’occupe de la centrale, qui a appelé les secours, on a pas pu le croiser pour le remercier, si quelqu’un à ses coordonnées, pourriez vous me les donner par mail.
Ce que je tire de cette expérience, c’est que toujours avoir un minimum de trousse de rééquipement, au départ mon amie ma demandé si on la prenait, forcement, j’ai dit pour un canyon fréquenté comme celui-ci, c’est bon, on va pas se surcharger … J’aurais pu planter un spit pour se vacher, et même essayer de se mettre correctement hors de l’eau en essayant une sortie en artif.
Par contre mécontent, contre moi-même de ne pas avoir chercher plus d’infos sur cette résurgence, mais aussi contre le panneau au départ et à l’arrivée du canyon qui ne parle pas de ce phénomène de crue décalé. Avec le topo de caracal, j’ai pu trouver la résurgence, mais les indications de la base de D-C seraient vraiment à revoir. Pour moi, « Il est prudent de monter voir la résurgence en aval » cette phrase veut rien dire. Mais bon même avec une observation bonne la résurgence à quand même débordée 1h30 après.
On est vraiment peu de chose en face d’1m3/s. Mieux vaut regretter de l’avoir pas fait, que de regretter de l’avoir fait.
Ça reste un canyon magnifique dans la partie amont, mais avec une eau douteuse. A faire après une longue période de beau. Je sais que pour les locaux et les gens qui connaissent on a été inconscient de partir dans cette descente après des pluies, mais les infos que j’ai trouvées étaient trop light, et on n’a pas l’habitude d’une réaction de crue décalée comme ça en canyon. Selon le GRIMP, 2 à 3 secours sont fait par an, dans ce canyon pour des canyoneurs ou des baigneurs à cause de l’eau. Et pas d’infos de cette résurgence sur le panneau au départ…
Voila, j'espère que d'autres liront ce post et réfléchiront correctement à la météo avant de se lancer.
Tom
Hier, avec mon amie, nous sommes allés descendre le canyon du Groin, dans l’Ain. Départ du canyon sous un grand soleil, débit correct, juste ce qu’il faut. Résurgence en amont ok.
On rentre à l’eau à 10h35. A midi, après avoir marché pendant une bonne demi heure dans le chaos de bloc entre les 2 encaissements. Nous sommes dans le petit encaissement en amont de l’enchaînement des cascades finales C8 + C6. Moi devant, je nage dans la marmite suspendu pour aller rejoindre la lèvre, je commence à trouver que ça pousse un peu. Le débit partant plus à droite, j’aborde la lèvre sur la gauche, je prend pied, cherche le relais, il n’est pas en RG, je me retourne, et je vois derrière mon amie qui nage que le débit à fortement augmenté, elle dans l’eau commence à se faire emporter, moi à califourchon sur le bord de la cascade, non vaché car le relais est en face trop loin pour l’atteindre, j’essaye de la retenir. On se fait tous les 2 emporter dans la cascade de 8 m. Heureusement pas de bloc à l’arrivée, mais on a bien touché quand même.
La vasque, d’environ 20m², tourbillonne, on se fait brasser, en repassant à chaque tour sous le jet de la cascade. Je me débats pour larguer mon sac qui est sur mon dos et m’empêche de nager. J’arrive à prendre un appui sur mon pied, je choppe mon amie, mais étant trop en déséquilibre, on repart dans la vasque. J’arrive cette fois ci à prendre un bon appui, mais mon amie tourbillonne trop loin de moi. Les 2 sacs, sont rabattus sur moi, je les attrapes, en voyant mon amie sombrer de plus en plus, heureusement, en sombrant elle se fait emporter sur l’extérieur de la vasque et du coup attrape le contre courant, la ramenant vers moi, comme pour les sacs. On reprend nos esprits, lentement. Après un quart d’heure, on s’installe mieux, à ce moment le débit était « Très gros », il baisse un peu mais pour mieux augmenter 2mn plus tard, là il devient en « Trop d’eau ». On attend, je regarde autour, pas moyen de sortir de la vasque, le jet viens taper sur la sortie, créant un tourbillon qui nous ramènerait, et en plus derrière cette vasque il y a une cascade de 6m. Pas d’échappatoire possible par le haut, la roche est lisse. Vers 13h30, le niveau d’eau dans la vasque commence à monter, de plus de 30cm, on change de position, elle se mets à ma place, ou on tiens debout sur les 2 pieds avec de l’eau jusqu’au genoux. Moi je me mets sur une bosse de rocher ou j’arrive à poser un pied.
Et on attend, on ne souffre pas trop du froid, malgré le fait que l’on est sous un jet secondaire de la cascade, le genre de jets qui tape déjà bien.
A ce moment là après déjà 3 heures sur un pied, avec toujours ce débit dantesques derrière nous, mentalement ce n’est pas facile. Forcement du monde savait que l’on allait faire se canyon, mais on avait prévenu personne en particulier en disant, si à telle heure on n’est pas sorti… J’ai l’espoir de me dire, que en s’équipant ce matin le riverain en face du départ nous à regarder, je me dit que si il voit la voiture qui ne bouge pas, peut être que…
A 16h10, on aperçoit en face de la cascade 3 personnes nous faisant des signes, la pour nous c’est un soulagement profond. 15mn après on voit le GRIMP, au même endroit, qui on l’air dévaluer la situation. A 17h, le pompier du GRIMP descend vers nous en rappel, quel bonheur de se vacher sur lui, mon pied d’appui engourdit par le froid, commençait a glisser de plus en plus souvent. Le pompier m’installe pour que je remonte sur corde, chose pas facile après plus de 5h passé là. Mon amie est moufflée juste derrière moi.
Pour finir une énorme frayeur, pas de mal pour nous. Les pompiers ont été géniaux, en tout 31 personnes se sont déplacées pour nous. Une honte terrible, nous qui sommes toujours prudent question débit, je ne compte même pas le nombre de demi tour que l’on a fait cette année. On était renseigné, avec la fiche de la base, et le topo de caracal, j’avais regardé la météo de ces derniers jours, mais pas fait d’observation sur place, sachant que l’on revenait d’Oisans. On voulait faire cette descente sur notre route de retour.
Si ils lisent se forum, je tiens vraiment à remercier les pompiers, qui ont été géniaux, aucune reproche envers nous, en nous dédramatisant, sachant que l’on est pas du coin, on ne pouvait pas savoir. Aussi et surtout remercier le riverain qui s’occupe de la centrale, qui a appelé les secours, on a pas pu le croiser pour le remercier, si quelqu’un à ses coordonnées, pourriez vous me les donner par mail.
Ce que je tire de cette expérience, c’est que toujours avoir un minimum de trousse de rééquipement, au départ mon amie ma demandé si on la prenait, forcement, j’ai dit pour un canyon fréquenté comme celui-ci, c’est bon, on va pas se surcharger … J’aurais pu planter un spit pour se vacher, et même essayer de se mettre correctement hors de l’eau en essayant une sortie en artif.
Par contre mécontent, contre moi-même de ne pas avoir chercher plus d’infos sur cette résurgence, mais aussi contre le panneau au départ et à l’arrivée du canyon qui ne parle pas de ce phénomène de crue décalé. Avec le topo de caracal, j’ai pu trouver la résurgence, mais les indications de la base de D-C seraient vraiment à revoir. Pour moi, « Il est prudent de monter voir la résurgence en aval » cette phrase veut rien dire. Mais bon même avec une observation bonne la résurgence à quand même débordée 1h30 après.
On est vraiment peu de chose en face d’1m3/s. Mieux vaut regretter de l’avoir pas fait, que de regretter de l’avoir fait.
Ça reste un canyon magnifique dans la partie amont, mais avec une eau douteuse. A faire après une longue période de beau. Je sais que pour les locaux et les gens qui connaissent on a été inconscient de partir dans cette descente après des pluies, mais les infos que j’ai trouvées étaient trop light, et on n’a pas l’habitude d’une réaction de crue décalée comme ça en canyon. Selon le GRIMP, 2 à 3 secours sont fait par an, dans ce canyon pour des canyoneurs ou des baigneurs à cause de l’eau. Et pas d’infos de cette résurgence sur le panneau au départ…
Voila, j'espère que d'autres liront ce post et réfléchiront correctement à la météo avant de se lancer.
Tom