l' "icropro" a écrit ce qui suit. Je mets des guillemets car c'est sur un blog, donc pas sur que ce soit très officiel. Enfin, j'en sais rien .
Je voudrais avoir l'avis d'autres personnes sur ce qui est dit. Vous en pensez quoi ?Il existe de très nombreux modèles de baudriers canyon sur le marché. Fondamentalement, ils sont de deux types et ont des propriétés très différentes :
- Le baudrier à pontet « haut », en sangle, type montagne
- Le baudrier à pontet « bas », fermé par un mousqueton spécial, type spéléologie
Pourquoi existe-t-il deux types de baudrier ? Quelles sont les implications techniques de la hauteur du pontet sur un baudrier ? La question est bien sûr de savoir lequel est le plus adapté à la pratique du canyoning. C’est un sujet de discussion récurrent chez les canyoneurs et il n’est pas tranché : certaines écoles prônent le pontet haut, d’autres le pontet bas, d’autres acceptent les deux. ICOpro impose l’utilisation du baudrier a pontet bas à ses membres et voici pourquoi.
Les baudriers à pontet haut, en sangle, sont conçus pour l’escalade et la montagne. Ces sports de montée (sur rocher) se pratiquent sur des cordes dynamiques afin d’amortir les chutes qui surviennent inévitablement lors d’une ascension. Les cordes ne servent pas de moyen de progression mais de protection. Et un pontet haut minimise les risques de retournement du grimpeur lors d’une chute.
Les baudriers pontet bas, fermés par un mousqueton en forme de demi-lune, sont conçus pour la spéléologie, qui est un sport de montée (sur corde) et de descente. Les cordes sont utilisées comme moyen de progression. Elles sont donc statiques. Le pontet est situé bien plus bas que sur les baudriers de montagne car l’important n’est pas ici d’éviter le retournement en cas de chute (qui ne doit pas survenir), mais d’optimiser la technique de remontée sur corde. Et le point clé ici consiste en la position du bloqueur de ventre : elle doit être la plus basse possible.
Pour en revenir au canyoning, on entend souvent dire que le pontet bas, en rabaissant le point de gravité du canyoneur lorsqu’il descend en rappel, augmente les risques de retournement et de se retrouver tête en bas pendant la descente. Ce qui peut effectivement poser problème. Rappelons que le sac peut, s’il est porté sur le dos, peut faire ancre dans la cascade et faire se retourner le canyoneur pendant son rappel. Dans une cascade arrosée, le sac doit donc être obligatoirement porté au baudrier, jeté du haut de l’obstacle ou descendu sur un guide. Mais en aucun cas porté sur le dos.
En dehors de la question de la gestion du sac donc, et à configuration identique, les risques de retournements sont effectivement plus élevés avec un pontet bas qu’avec un pontet haut. C’est mécanique. Mais le problème ne se résume pas à cela et il existe de vrais arguments en faveur du pontet bas qui contrebalancent ce point. Alors allons plus loin.
Tout d’abord, si le canyoneur s’est retourné sur corde c’est avant tout que le débit était trop important : il n’aurait simplement pas dû descendre dans l’actif (ou ne pas porter de sac sur son dos). Fondamentalement, le problème ne vient donc pas ici de la position du pontet, mais avant tout du choix de l’équipement de la cascade. Le risque de retournement doit être anticipé dans la façon d’équiper et de franchir un obstacle. Un guidé résout ici le problème, comme bien souvent. D’autre part, il est parfaitement possible de se retourner avec un pontet haut. S’il elle le réduit, l’utilisation de ce dernier n’annule donc en aucun cas le risque de retournement.
L’argumentaire en faveur du pontet bas repose sur les techniques d’urgence et d’intervention, donc plus précisément sur les techniques de remontée sur corde, et donc sur la position et l’utilisation du bloqueur de ventre. En fait, la question du pontet est indissociable de celle du bloqueur de ventre. Je m’explique : dans la quasi-totalité des cas, vous aurez à remonter sur corde, ne serait-ce qu’un peu, pour vous sortir d’une situation délicate : passer un nœud, résoudre un problème de blocage sur corde, effectuer un balancier ou un transfert de poids, remonter sur corde, décrocher un équipier en difficulté… Quasiment toutes les techniques d’urgence demandent, à un moment ou à un autre, de passer en mode « remontée ». Et, tout comme il existe des outils spécifiquement conçus et pensés pour descendre en rappel (descendeur) ou pour couper une corde (couteau), il existe des outils spécifiquement conçus et pensés pour remonter sur corde. Et le plus important d’entre eux s’appelle le bloqueur de ventre.
Le bloqueur de ventre est encore considéré par beaucoup de canyoneurs comme superflu, voir inutile, car, disent-ils, ils n’ont jamais eu à remonter sur corde. Et au cas où ils auraient à le faire, ils peuvent utiliser des sangles, bien moins lourdes et encombrantes, ce qui est très discutable. Autant prétendre qu’on n’a pas besoin de casque parce qu’on n’est jamais tombé ou essayer de faire du feu avec des pierres alors qu’il existe des allumettes… Les écoles sérieuses enseignent donc l’utilisation du bloqueur de ventre et son utilisation se généralise doucement. Ce qui est une bonne chose.
Mais c’est justement là que notre problème se pose, car on voit beaucoup de canyoneurs porter un bloqueur de ventre sur un baudrier à pontet haut, ce qui est révélateur de la façon dont le monde du canyon considère l’importance d’être parfaitement à l’aise et surtout efficace et rentable à la montée. En fait, d’un point de vue pédagogique, il faudrait d’abord se focaliser sur la maîtrise des techniques de remontée et de conversion avant de travailler la descente et l’équipement. Il n’en reste pas moins que du point de vue de la sécurité personnelle et collective en canyon, il est évident que les risques sont moindres si les pratiquants maîtrisent autant les techniques de descente que de remontée. Et utilisent des techniques optimisées. Qui peut le plus peut le moins…
Le bloqueur de ventre a donc été conçu par les spéléologues, car il est aussi important pour eux d’être efficaces à la descente qu’à la montée. Efficace signifie ici : « obtenir l’écart le plus important possible entre les bloqueurs de ventre et de poings avant de pousser sur sa pédale ». Et si les spéléologues utilisent des baudriers pontet bas, c’est précisément parce le bloqueur de ventre est un outil pensé et conçu pour être porté sur ce type de baudrier, pour une question simple d’optimisation du rendement et de l’efficacité de l’outil.
Rendement et efficacité, nous y voilà.
Vous avez déjà surement vu des canyoneurs remonter sur corde en utilisant un bloqueur de ventre connecté à leur baudrier « pontet haut » par un petit mousqueton ou un maillon. Encore une fois, les baudriers pontet haut ne sont pas conçu pour accueillir un bloqueur de ventre : il faut donc rajouter un mousqueton pour l’y connecter, ce qui rehausse d’autant plus l’outil et diminue d’autant son rendement… Dans ce cas, le canyoneur se retrouve avec son bloqueur de ventre au niveau du visage (puisque ce dernier est placé anormalement haut) et obtient donc un débattement minimum entre son bloqueur de ventre et son bloqueur de poing. Il lui est également plus difficile de se relever pour pousser à la verticale sur sa pédale. En résumé, son rendement et son efficacité à la remontée sont très réduits.
Hors, pourquoi porte-t-on un bloqueur de ventre ? Nous l’avons déjà dit : pour pouvoir réagir efficacement et rapidement en cas de problème tout en préservant ses forces. Sans oublier de prendre en compte le fait qu’une situation inattendue ou dangereuse génère du stress et que le stress diminue fortement les capacités physiques et de réflexion : avant même d’intervenir ou d’agir, et sans parler du rendement de votre matériel, vos capacités sont déjà fortement diminuées alors même que vous devez être réactif, efficace et rapide pour résoudre votre problème et éviter le pire. Alors si en plus votre bloqueur de ventre se retrouve au niveau de vos dents lorsque vous vous y mettez en tension, vous n’êtes pas sorti de l’auberge. Ou vous risquez un sur-accident.
Porter un bloqueur de ventre sur un baudrier pontet haut est donc un non-sens d’un point de vue technique : cela fonctionne, mais c’est contre-productif, ce n’est pas adapté, ce n’est pas fait pour. C’est comme jouer au tennis avec une raquette de ping-pong. Ou le contraire. C’est possible, mais ça risque de ne pas être facile… S’il l’on considère qu’on porte un bloqueur de ventre parce que c’est un outil de secours ou d’urgence, alors il faut l’utiliser dans un contexte où il est le plus rentable et efficace. Donc sur un baudrier pontet bas.
Le baudrier le plus adapté à la pratique du canyoning serait donc un baudrier qui permette à la fois de positionner le descendeur suffisamment haut pour minimiser au maximum les risques de retournement et de positionner le bloqueur de ventre suffisamment bas pour optimiser la remontée sur corde. Un baudrier à double pontet donc, un « haut » pour le descendeur et un « bas » pour le bloqueur de ventre. Ce genre de baudrier existe déjà sur le marché mais leur conception n’est pas adaptée au canyoning.
En attendant qu’un tel baudrier voit le jour, ICOpro considère qu’en termes de sécurité, les avantages de porter un bloqueur de ventre correctement sur un pontet bas contrebalancent largement le problème du risque de retournement. Elle impose donc à ses membres autonomes l’utilisation d’un baudrier pontet bas et d’un bloqueur de ventre. En fait, et pour aller au bout de la logique, l’Organisation impose à tous ces membres professionnels d’utiliser un baudrier pontet bas, un bloqueur de ventre, des longes réglées sur mesure, un bloqueur de poing (porté en permanence sur la grande longe), une pédale légère et compacte et un torse.
Au-delà de la sécurité, le fait d’imposer un type de matériel a également de nombreux avantages d’un point de vu pédagogique. Ce sera le sujet de mon prochain post.
Voici la réponse que j'ai faite (vous comprendrez donc mon positionnement

Des avis ?Bonjour,
Je suis désolé mais voyant des contre-arguments forts face à vos explications et dans un but d'ouverture de la réflexion sur la pratique, je vous les expose ci-dessous.
J'espère que cela permettra de faire avancer un peu vos propositions.
Vous expliquez que si l'on se retourne, c'est que l'erreur a été faite avant (on aurait du descendre hors d'eau).
Et bien le même argument peut être utilisé pour la remontée sur corde. Il n'aurait pas fallu se retrouver dans cette situation.
L'argument ne tient donc pas.
De même, vous dites qu'un pontet haut est un non sens technique pour remonter sur corde qui est un cas rarissime si l'on pratique correctement.
Et bien un pontet bas est un non sens pour la stabilité, le confort et la sécurité en descente de rappel qui est le cas en permanence.
Ensuite vous utilisez l'argument de la sécurité. Mais combien de temps faut t'il pour se rendre compte d'une situation de danger de noyade, mettre les bloqueurs, remonter disons 15mètres, faire une manip' complexe (mise en place d'une autre corde ou balancier puis décoincement ou coupé de corde après avoir remis une autre corde sur bloqueur etc) ? Quelques minutes forcément.
Donc s'il y a une noyade immédiate ça sera de toute façon trop tard. Et si le danger n'est pas immédiat, quelques secondes ne changeront pas tout (par rapport à plusieurs minutes). Car on ne gagne vraiment que quelques seconde avec un pontet bas.
Ensuite d'autres arguments pour le pontet haut :
Le confort d'être bien mieux tenu lors de tout les rappels par rapport à une remontée sur corde extrêmement hypothétique.
Ensuite un pontet haut passe au dessus des hanches ce qui l'empêche de descendre lorsque l'on accroche beaucoup de matériel (par exemple plusieurs sacs lourds) ou même tout simplement lors de la marche.
Bref, je pense qu'avant d'imposer une technique comme vous souhaitez le faire, il y a encore beaucoup de paramètres à réfléchir.
Antonin Gaudillere.
PS : Enfin
sur la photo ou vous montez les "bonnes techniques" à suivre, vous utilisez un baudrier edelrid iguazu et vous ajoutez un mousqueton (donc un point d'encordement) à un endroit non revendiqué par le fabricant et donc non certifié.
Même si je pense que cette méthode de montage du bloqueur résistera à 500kg (force maximale que l'on peut trouver sur un couple bloqueur/corde), il faudrait tout de même le vérifier.
Et puis il reste le danger de se mousquetoner tout simplement dessus.
Bref, je ne suis pas sur que ce soit un parfait exemple.