Bonjour,
la discussion semblant devenir moins "nerveuse", je souhaite re-intervenir sur le sujet. Il est exact, Marc, que je t'ai laissé faire le boulot, mais tes arguments, s'ils avaient été avancés par un professionnel, auraient peut-être suscité plus d'irritation.
Le sujet initial du débat portait sur le sur-équipement: par qui, pourquoi? Puis, rapidement le sujet a dévié sur les conséquences visibles et supposées de la surfréquentation de certains sites et, biensûr, sur la désignations de coupables. C'est à ce moment-là que je n'ai plus souhaité intervenir.
1/ Qu'est-ce que la sur-fréquentation?
Répondre à cette question est, à mon sens, bien complexe.
D'un point de vue écologique, une crue est elle plus ou moins dévastatrice qu'une saison de canyon? A partir de combien de passages/jour y a-t-il dégradation? Je ne suis pas scientifique, donc je ne peux pas répondre à ces questions. Sans mesures, sans comparaisons sérieuses, la discussion s'apparenterait plus au débat de bistrot.
Et d'un point de vue affectif, à partir de combien se situe le trop? Moi, j'en sais rien, par contre je comprends que certains qui avaient l'habitude de faire des descentes dans l'intimité soient excédés face à ces flots d'aventuriers qui leur volent leurs jardins secrets. Mais ces néo-aventuriers, n'ont-ils pas eux aussi droit à la nature?
2: Quelle en est la cause?
Je ne pense pas que le sur-équipement soit la cause de la sur-fréquentation, il n'en est que le corollaire. C'est parce qu'il y a sur-fréquentation que, dans certains cas (donc pas systématique), il y a sur-équipement.
Les professionnels sont-il coupables de cette sur-fréquentation? Je dirais que ça dépend plus des jours de la semaine. Je vous donne 2 exemples que je connais bien dans le 66.
a) Baoussous:
jusqu'en 1999 ou 2000, je vendais le canyon à la journée. Nous prenions le repas et mangions au milieu du parcours. On faisait et refaisait les sauts et les tob. Nous rentrions à 10h30 dans le canyon et sortions vers 16h00 (ceux qui connaissent apprécieront la rapidité). Donc, sur cet exemple certains vont me dire "bravo", tu respectes le coin en ne faisant qu'une rotation. Sauf que, la manière que j'avais de pratiquer (faire et refaire les obstacles), au final c'était comme s'il y avait eu 8 groupes qui étaient passés. Alors?
Pourquoi j'ai changé ma manière de faire en passant à 2 rotations journée? C'est la pression de la concurrence qui m'a fait m'aligner sur les autres. + de guides, des prix 50% moins chers ( et là, t'as beau expliquer que tu fais le parcours à la journée alors que les autres le font en 2h00; ça passe pas auprès de l'acheteur), donc tu fais pareil et tu alignes tes prix pour amener encore plus de monde. Ce système je ne l'ai pas choisi, il s'impose à moi, je ne me sens donc pas coupable, du moins pas plus que pipo ou guil qui font eux aussi du canyon, qui ont certainement fait découvrir l'activité à des amis qui à leur tour en ont parlé à des copains qui ont peut-être été mes clients...
b) Le Llech (évidemment)
Ah, ce llech! Alors là y en a du sur équipement. Ca commence au R13, qui rappelons-le est un T13 pour Jules César(

). Plaquettes écrasées sur vieux relais en RG: bin moi ce relais de mer..e, j'y accroche les sacs. En RD, c'est un champ de broches: soyez logique pour placer la corde au relais qui la coincera pas. Ensuite, il y a le câble qui mène au S9. Mais c'est pas dans le parcours cette traversée! Non non, les puristes, il faut pas utiliser la via ferrata, il faut faire le rappel avant! Faut pas aller se faire des sensations au S9! Etc... jusqu'au final et au chemin de remontée
Surtout, au Llech, ce qui est le plus marquant, ce sont les odeurs: sur le parking et au départ du canyon. Sur le parking ça pu la merde, d'ailleurs quand tu remontes plus t'approches des voitures plus c'est pourri, surtout le week-end. Ensuite, au départ du canyon, et bien là c'est la pisse que ça sent, juste là où on se change.
Dans les deux cas, je ne pense pas que ce soient les guides, qui y vont tous les jours, qui disent de faire ça à leurs clients.
Au total, il me semble qu'avant de parler de sur-fréquentation, il serait judicieux de mieux définir le terme. Soit la surfréquentation est démontrée avec des preuves, soit on se place sur un plan affectif et là, on ne parle plus de surfréquentation mais de sentiment de surfréquentation.
C'est la même chose lorsque l'on parle de dégradation. Il n'y a à ce jour, et à ma connaissance, aucune étude scientifique indépendante sur le sujet.
Relativement à la supposée culpabilité des professionnels, les individuels qui amènent des copains, lorsqu'on les additionne, ne sont-ils pas aussi coupables qu'eux?
Enfin, définir des quotas: pourquoi pas, mais ce doit être décidé et négocié(afin que ce soit acceptable par tous) localement, par les acteurs de l'activité.