Je n'ai pas envie de juger, d'être pour ou contre, car en toute sincérité, je n'ai pas d'avis tranché sur la question. Si j'ai été toujours favorable au travail trans-fédéral pour les questions de canyon (et mon investissement avec Delphine et les modos pour DC.com en est une preuve), je suis cependant à chaque fois interloqué par les propos tenus, qui me semblent jamais totalement neutres, et souvent teintés de "revanche". Certes ce point de vue est peut-être faussé à tord, et je ne demande qu'à être corrigé, mais au fur et à mesure du déroulement des débats et des événements, je me heurte toujours à des incohérences, où à un cruel manque de transparence.
1. Que je sache, il me semble que la volonté de rupture entre des membres de commission et leur fédération ne concerne aujourd'hui que la FFS et l'EFC. A la FFME et son CSC, comme à la FFCAM et sa CNC, je n'ai pas noté de problèmes de cet ordre, ni démissions, ni claquement de portes. Donc cet état n'est pas partagé au sein des 3 fédérations, puisque ce n'est pas le cas pour 2 d'entre elles. Après naturellement qu'il y a des adhérents qui sont sensibles à votre appel (comme moi), mais il ne faut pas laisser penser que la rupture est consommée avec les instances dirigeantes au sein de la FFME ou de la FFCAM, puisque ce n'est pas le cas. Tout n'est pas non plus super dans le meilleur des mondes, mais on arrive cependant à avancer.
2. Annoncé à grand renfort de communication sur les forums, via des invitations aux différentes structures, etc... les journées identités canyon (JIC) à Marseille devait être le RDV de tous les pratiquants de tous bords, un grand rassemblement collégial d'où devait émaner une idée forte de construction commune. Au lieu de cela, la 20aine de représentants présents (cf
compte-rendu) ont pu faire un état des lieux et observer que la rupture était importante entre la FFS et l'EFC. La mayonnaise n'a pas pris concernant l'idée de créer une structure commune. Cependant, les présents issus de l'EFC/FFS étant nombreux et bien remontés, ils ont choisis (et c'est leur plein droit) de poursuivre cette idée, coûte que coûte. Personnellement, n'ayant pas suivi les problèmes entre EFC et FFS de près, j'ai été assez étonné de la violence des échanges. Aussi, depuis ces JIC et pour mieux cerner les problèmes, je suis allé lire les CR d'AG et de Comité Directeur (
disponibles sur le site de la FFS : notamment
ici (pages 10 et 11),
ici (page 5-6 et 12-13), ... ) et qui permettent en effet de comprendre que certains problèmes sont bien existants, même si certains CR peuvent être considérés comme partisan ou provoque l'indignation (mais là n'est pas la question, ni le lieu pour en débattre). A noter que Franck a eu ici le courage d'évoquer avec plus de précisions les autres éléments qui coinçaient entre l'EFC et la FFS : charte free-canyon, CCI tri-fédérale, aide aux organisateurs d'événements... que l'on ne voit pas forcément abordés dans ces compte-rendus administratifs.
3. Après plusieurs années d'investissements dans le milieu fédéral et "trans-fédéral", je constate que les problèmes de terrains les plus importants aujourd'hui sont notamment les questions de sur-fréquentation et de sur-réglementation qui provoque la création d'arrêtés qui limitent de jour en jour nos espaces de pratiques. Dans ces cas là, la guerre entre fédérations n'existe pas car finalement tous le monde fait son maximum pour se serrer les coudes (fédérés comme non-fédérés) et essayer de faire réouvrir les canyons. J'irai même plus loin en mettant en avant que c'est aussi pratiquement toujours au côté des professionnels qu'on se positionne pour défendre les accès : eh oui, plus on est nombreux, plus on est fort. Bref, on a besoin d'un maximum de poids pour défendre la pratique. Aussi, il n'est pas question, dans ces affaires, de créer un organe indépendant de nos fédérations/syndicats, mais au contraire de les unir pour parler d'une même et unique voix. Dans certains département (Ain, Haute-Savoie,....) il y a d'ailleurs des conventions ou associations (AGESSEC,
CDPCanyon74) qui regroupent les 3 fédérations et parfois même les syndicats de pro, preuve en est qu'il est possible de travailler ensemble pour l'activité. De plus, et c'est là qu'est le nerf de l'affaire, si demain on veut que le canyon soit reconnu à sa juste valeur, il faut présenter aux décideurs locaux (Conseil général, DDJS, préfecture, comité de bassin, parc...) un front uni, un interlocuteur fiable. Le préfet n'a que faire d'une association X ou Y, du club Z, voir même du comité départemental de telle fédération, s'il sait que ces structures ne représentent qu'une portion du milieu en question. Qu'on s'en désole, c'est une chose, mais malheureusement c'est un fait. Par contre, quand le préfet (ou le conseil général, ou...) voit en face de lui se constituer un réel interlocuteur unique et représentatif, les portes s'ouvrent car il sait que cet interlocuteur est représentatif et qu'il va pouvoir trouver avec lui des solutions en relation avec la sécurité dans la pratique, un développement raisonné réduisant les problèmes de nuisances pour les habitants locaux, etc... Bref, les problèmes qui se posent à lui et sur lesquels il n'est pas compétent à 100% s'il est seul, vont faire l'objet d'un consensus partagé. De plus, c'est une fois que les conflits (arrêtés...) sont résolus qu'on peut se consacrer au développement (équipements, aménagement d'accès...).
4. Pour un mouvement qui se veut rassembleur et ouvert, j'observe nombre de barrières pour pouvoir s'en rapprocher. Ayant pourtant fait le déplacement aux JIC, je reçois au compte-goutte quelques information via le forum ou les listes de diffusions publiques qui mettent devant le fait accompli. On nous dit qu'il y a pleins de discussion, mais personne ne peut les lire librement sans s'engager. Pour cela il faut adhérer à un mouvement (en payant une participation symbolique peut-être, mais en payant quand même) dont l'objet et les buts poursuivis n'ont pas encore été définis. On nous dit que 7 (?) structures ont adhéré à ce mouvement (en toute bonne fois, je me vois mal, en temps que responsable d'une structure, engager mes adhérents dans une structure qui n'a pas encore défini avec précision ses statuts, mais c'est un autre débat), mais on ne nous donne pas leur nom (c'est secret ?). Il s'agit de 7 clubs/entreprises commerciales ou bien de structures nationales réellement représentatives ? Bref, j'ai l'impression qu'on met la charrue avant les boeufs. Autant je suis favorable à une fédération/commission interfédérale/association/guichet unique (on l'appellera comme on veut) qui rassemble les différents mouvements (amateurs et professionnels d'ailleurs), cependant aujourd'hui j'ai l'impression que les membres qui se réclament de la future AFC ne cherchent pas à rassembler ces acteurs fédéraux et pro, mais au contraire revendique leur place au même niveau qu'eux.
5. Enfin, si l'idée de vouloir mettre en avant la spécificité du canyon par rapport aux autres activités de montagne est séduisante pour les pratiquants passionnés, je ne suis pas vraiment sûr que ça soit la meilleure façon de rendre service aux canyonistes, et cela pour 2 raisons principales : Tout d'abord, une écrasante part des pratiquants ne pratique pas uniquement le canyon. C'est souvent canyon et une autre activité, quand ce n'est pas d'autres activités et le canyon. Donc une part réduite des pratiquants se reconnaît réellement dans cette identité canyons (il s'agit en réalité des plus passionnés, qui souvent sont ceux qui s'investissent dans les associations/fédérations... et donc sont le plus revendicatifs). Enfin, nombre de sujets dépassent simplement le domaine du canyon uniquement : l'accès libre à la montagne, les assurances, la réglementation, la protection de l'environnement.... Je rejoins Franck quand il dit qu'il est pour une fédération des sports de pleine nature. Cependant est-ce parce qu'on en est encore loin, que l'on doit pour autant marcher en sens inverse, en rompant avec nos différents liens ? A l'extrême, on pourrait presque penser que le canyon avait justement la chance d'être transversal à 3 fédérations et 3 ou 4 syndicats de professionnels dont ce n'est pas l'activité principale et qui bonnant-mallant, arrivent doucement à progresser quant à leur relation sur cette activité, et donc à se montrer plus puissants qu'une seule fédération unitaire mais faible.
Pour conclure (car j'en ai déjà écrit trop long), j'espère que mes propos ne seront pas interprétés par les promoteurs de l'AFC comme une quelconque critique désobligeante. Au contraire, nombre de pratiquants se posent ces questions (comme Olivier ici qui pose régulièrement des questions certes "brutes de décoffrage" et sans détour), j'essaie d'y voir plus clair, d'exposer le plus simplement mes interrogations. J'espère que cela sera interprété de cette façon, et non de manière polémique.
Bons canyons,
Bertrand, peut-être un jour adhérent de l'AFC, ... ou pas
